Recette : la propreté
Note : Comme vous avez pu le lire dans le premier article sur les recettes, je n’apprécie pas forcément ce type d’article car ils ont énormément de travers potentiels. Aujourd’hui, je vais vous présenter une recette, mais on va essayer de parler de beaucoup de choses pour que vous puissiez comprendre comment cela fonctionne et comprendre pourquoi on n’utilise pas autre chose.
1 – Qu’est-ce que l’on entend par « propreté » ?
La propreté… Vaste sujet dont nous pourrions donner des définitions différentes. Pour moi, voici ce qu’est un chien propre : il s’agit d’un chien qui sait faire ses besoins dehors et qui est apte à se retenir pendant une durée raisonnable pour ne pas faire ailleurs.
Cette notion de propreté est une notion purement humaine, il faut donc l’apprendre au chien qui ne peut pas deviner ce que nous attendons de lui.
Pour le chien, être propre veut peut-être simplement dire : ne pas faire là où l’on dort, là où l’on mange ou encore là où l’on boit. C’est un apprentissage qui s’effectue avec la mère et qui est effectif lorsque nous adoptons un chiot (de plus de 8 semaines donc). Ce premier apprentissage permet d’obtenir un chiot qui ne fait pas sur son panier et qui ne dort pas dans ses excréments. Néanmoins, pour qu’il s’effectue, le chiot doit pouvoir effectivement quitter le lieu où il dort. Certaines caisses de mises bas ont tendance à ne pas le permettre. Tous les chiots ne sont donc pas égaux sur ce premier apprentissage.
2 – Maturité physique
Quand il est tout petit, le chiot ne maîtrise absolument pas quand il fait ses besoins. C’est d’abord la mère qui stimule physiquement son périnée pour qu’il puisse faire. Dès 3 semaines, le chiot commence à sortir de lui-même de son lieu de couchage pour faire ses besoins. A 8 semaines, le chiot commence à se maîtriser et peut se retenir sur de petites durées, mais cette maîtrise est encore imparfaite.
On ne peut donc pas attendre d’un chiot de 8 semaines qu’il se maîtrise plusieurs heures d’affilés. Cette maîtrise va arriver petit à petit. On ne peut donc pas espérer d’un chiot la propreté d’un adulte et il faut comprendre que le facteur temps va rendre le chiot de plus en plus apte à faire ce que l’on attend de lui.
3 – L’angoisse du chien sale
L’un des principaux soucis présent dans l’apprentissage de la propreté est l’angoisse que cela entraîne chez l’Humain. Avoir un chien malpropre et vivre avec une serpillière à la main, ce n’est pas la vie que l’on désire. Alors quand le chiot arrive, s’accroupi et commence à déposer quelques gouttes d’urines un peu de partout… On se voit déjà avec un chien de plusieurs années déversant les chutes du Niagara au milieu du salon !
Cette angoisse est particulièrement néfaste car elle pousse la personne à faire tout (et n’importe quoi) pour échapper à ce funeste destin. En réalité, cet apprentissage est accessible à tout le monde. La propreté n’est pas quelque chose de rare ou de difficile à obtenir. Cela demande uniquement du temps, un peu de constance et de logique.
Donc il est recommandé de souffler un peu et de lâcher prise pour faire passer cette angoisse inutile afin de ne pas la traîner comme un boulet.
4 – La recette « hund » et pourquoi celle-ci ?
Voici la recette de la propreté que nous vous proposons :
Comme vous pouvez le voir, il n’y a que 3 points et 2 d’entre eux n’interviennent pas directement sur l’apprentissage mais sont là pour gérer l’environnement. L’idée est de provoquer le bon comportement grâce à l’anticipation et les sorties, pour finalement pouvoir renforcer ce comportement. Le but n’est pas d’apprendre la totalité des lieux interdits qui seraient de toute manière trop nombreux mais d’apprendre ce qu’il faut faire… Notons que le chien choisira toujours l’opportunité la plus attrayante (faire dehors et être récompensé VS faire dedans sans récompense) et apprendra de lui-même à se retenir avec l’âge.
L’apprentissage voulu étant de faire à l’extérieur, c’est ce qui est félicité. Avec de la régularité et de la concentration, cette recette fonctionne bien, que ce soit sur des chiots ou des chiens adultes. Par contre, elle fonctionnera uniquement sur des cas où il s’agit effectivement d’une absence de propreté à cause d’une absence d’apprentissage. Certaines causes peuvent provoquer des problèmes de propreté sans être liées à une absence d’éducation, nous les verrons en fin d’articles.
5 – Pourquoi on ne punit pas
Vous pouvez voir que dans notre recette, qu’il n’y a pas de punition. Pas de « mettre le nez dans l’urine », « taper les fesses » ou même « isoler le chiot qui vient de faire une erreur ».
Tout d’abord, c’est une question de logique. Pour s’attendre à ce qu’un animal fasse bien, il faut le lui apprendre. Même en désirant établir une éducation basée sur les punitions, on ne peut pas croire que l’animal sera un devin et qu’il aura une chance de ne pas se tromper… C’est donc particulièrement injuste et cruel que de punir des erreurs sans même prendre la peine d’expliquer à l’animal ce qu’il est censé faire.
Ensuite, les punitions ont des effets dont nous ne voulons pas. Dans cet apprentissage de la propreté, nous allons avoir besoin d’établir de la confiance. Le chiot doit pouvoir faire ses besoins à côté de nous, sans crainte, car c’est ce qu’il aura à faire au bout de sa laisse. Quand on punit, on prend le risque que l’animal fuit, se cache, face à notre insu, devienne coprophage,… Et alors l’apprentissage de la propreté devient particulièrement difficile à réaliser.
Punir = se tirer une balle dans le pied !
Soyez bon avec vous-mêmes, soyez cool avec vos chiots et comme ça, l’apprentissage se fera tranquillement…
6 – Truc et astuce : « sortir quand le chien vient de faire »
Alors parmi les trucs et astuces que l’on peut trouver, il y a une règle qui conseille de sortir le chiot s’il vient de faire. D’ailleurs, généralement, on s’intéresse beaucoup à ce qu’il faut faire quand le chiot vient de faire à l’intérieur… Ce cas de figure est un cas courant mais malheureusement cela montre juste que l’on n’a pas bien anticipé. En surveillant parfaitement son chiot, on devrait pouvoir limiter totalement les accidents en intérieur, mais c’est vrai qu’on n’a pas toujours les yeux dessus et on peut arriver juste après un accident.
Je ne recommande pas de sortir le chiot qui vient faire ses besoins en intérieur. Il y a un certain nombre de risque qu’il apprenne : « je fais » = « je sors ». Il faut comprendre qu’une récompense peut avoir des formes tout à fait variables, tout ce qui fait plaisir au chiot peut être considéré comme une récompense. Quand le chiot vient de faire dedans, il ne faut pas le punir, car ce n’est qu’un accident et ça ne l’aidera pas à comprendre. Mais il n’y a pas non plus de raison de le récompenser ! La meilleure des attitudes est donc, à mon sens, de rester neutre, de nettoyer calmement que ce soit devant lui ou pas d’ailleurs, sans faire de ce moment un jeu. Et c’est tout.
7 – Truc et astuce : apprentissage intermédiaire
Un autre « truc et astuce » est d’apprendre au chiot à faire dedans. Il faut savoir que le chiot apprend facilement et qu’une fois un apprentissage effectué, apprendre quelque chose d’autres est parfois compliqué. Par exemple, les propriétaires apprenant à leurs chiens à faire exclusivement sur de l’herbe, peuvent rencontrer des difficultés à leur faire faire sur du bitume plus tard.
Apprendre à faire sur un journal ou dans une litière ne fait qu’ajouter une étape dans l’apprentissage de la propreté, ce qui ne peut que la ralentir… D’autant plus si on prend en compte ce temps d’apprentissages supplémentaires. Apprendre la propreté, ce n’est pas très compliqué, mais ça demande un certain nombre de répétitions, alors autant essayer de ne pas en perdre en apprentissage inutile.
8 – Truc et astuce : apprendre à se retenir
Un autre truc et astuce dont nous avons déjà parlé dans l’article dédié à la cage est de forcer le chiot à se retenir, en s’appuyant sur le premier apprentissage : ne pas faire là où l’on dort. Comme nous l’avons vu au départ, le chiot est capable de se retenir très peu de temps au début. Il peut tenir un peu plus longtemps la nuit. Cet apprentissage (se retenir) va arriver avec le temps…
Par contre tous les apprentissages peuvent être détruis. Si le chiot reste assez longtemps pour être contraint de se faire dessus, il apprendra qu’il ne sert à rien d’essayer de se retenir et fera sur lui. Cette astuce est donc tout à fait discutable et peu intéressante.
9 – Obtenir un contexte d’apprentissage
L’une des difficultés les plus importantes pour apprendre la propreté est d’obtenir un bon contexte d’apprentissage. Il faut anticiper, surveiller et sortir régulièrement pour que le chiot soit amené à faire à l’extérieur. Cependant, il peut être dans une phase d’inquiétude envers tout ce qui est inconnu et passer son temps à chercher à rentrer à l’abri, oubliant de se soulager. Il peut au contraire être tellement curieux et attiré par tout, qu’il ne pensera pas à faire ses besoins.
Pour optimiser nos chances, il vaut mieux le sortir dans un endroit relativement calme et ne pas hésiter à attendre un petit moment sur place. Le temps de sortie des chiots est limité pour éviter des risques liés à la fatigue (dysplasie,…) mais on peut augmenter un peu ce temps de sortie en restant sur place pour provoquer un « accident » en extérieur et avoir une chance de récompenser.
Si on a la possibilité de sortir avec des chiens adultes, ils pourront avoir une influence sur le chiot et lui montrer l’exemple. C’est une petite astuce qui peut parfois débloquer certaines situations.
10 – La propreté, est-ce vraiment le problème ?
Enfin, parfois, on s’acharne à tenter d’apprendre en vain la propreté et rien ne semble fonctionner. C’est notamment le cas lorsque l’on se retrouve face à un chiot qui boit trop (que ce soit par stress ou par soucis de santé). Il se retrouve donc dans l’obligation d’uriner très souvent et en abondance. Ce n’est pas optimal pour apprendre la propreté et cela doit vous alerter. Un contrôle vétérinaire est nécessaire et s’il ne trouve rien, il reste la piste du stress dont un comportementaliste pourrait s’occuper.
Il y a un second cas où la propreté (apprendre à faire ses besoins dehors) n’est pas vraiment le problème en réalité. C’est le cas du marquage urinaire en intérieur. Ce marquage permet d’apposer son odeur pour pouvoir se rassurer, montrer que la zone est sûre après une inquiétude, etc, etc. Son rôle n’est pas de « vider la vessie » mais de donner des informations. Le problème n’est donc pas forcément l’apprentissage de la propreté mais ce qui provoque ce marquage (stress,…) et c’est donc cela dont il faut s’occuper.
J’espère que cet article vous aura apporté les réponses que vous cherchiez pour apprendre à votre chiot à se retenir en intérieur et à faire en extérieur. N’oubliez pas de laisser l’angoisse de côté et de prendre cet apprentissage tranquillement. Il n’y a pas de raison d’échouer et si vraiment aucun progrès n’arrive, n’hésitez pas à faire appel à un comportementaliste ou un éducateur canin (en renforcement positif et punition négative) qui pourra identifier les causes de ce blocage et vous donnez les armes nécessaires pour y faire face.
Rédigé par Céline de Hund beta
https://hund.fr/actualites/recette-la-proprete/71/