Pour faire suite à mon précédent article sur l’influence environnementale durant la période néonatale chez le chien, j’aimerais vous parler d’une autre période de développement qui génère peu d’attention. On pense souvent qu’une fois les 6 premiers mois et la période critique de socialisation passés, tout est joué. Pourtant, l’adolescence vient avec de grands changements, chez le chien comme l’humain.

➤ L’adolescence du chien (6 mois à 1-2 ans)

L’adolescence est une période de maturation sexuelle et sociale. Les changements hormonaux ont des effets très important sur le développement du comportement et du cerveau. L’amygdale, une partie du cerveau qui est le siège de nos émotions et qui joue un rôle important dans les réactions comportementales et l’apprentissage, se développe. En conséquence, les réactions émotionnelles sont de plus en plus intenses et l’ado ne sait pas encore bien les gérer.

Lorsque le chien entre dans cette période, il devient plus indépendant, il prend plus de décisions par lui-même et ses réponses comportementales changent. Typiquement, on va entendre à partir de l’âge de 6 mois : « il ne me suit plus partout comme il le faisait », « il n’écoute plus du tout », « il fait de plus en plus de bêtises », etc.

Les changements hormonaux rendent les autres chiens de plus en plus intéressants, mais ces derniers commencent à répondre différemment ; la tolérance des chiens adultes est plus grande vis-à-vis des chiots. Les interactions avec leurs congénères changent. C’est souvent durant cette période que les chiens (même bien socialisés) développent des comportements problématiques avec leurs congénères. Parce que ces interactions changent et qu’ils n’ont pas encore bien appris à gérer leurs émotions.

Par exemple, la frustration ressentie lorsque le chien ne peux pas aller voir un congénère, peut le faire réagir de manière « disproportionnée »; c’est le début de ce qu’on appelle couramment la « réactivité ». Il peut être difficile d’éviter que le chien renforce certains comportements sans limiter ses contacts sociaux et sa liberté. L’isolement est souvent la réponse utilisée par des gardiens désespérés de voir leur petit poilu chéri se transformer en diable ingérable. Malheureusement, cela arrange rarement le problème. Au contraire, on risque de générer beaucoup de frustration et on rend les autres chiens ou la liberté encore plus « intéressants ».

Il n’est donc pas étonnant que cette période soit réputée « difficile » chez les humains comme chez les chiens.

➡️ Que faire pour limiter la casse ?

On dit souvent qu’il faut faire vivre les chiens ados dans une bulle où se produit aucune expérience négative. L’apprentissage, en particulier, doit être maîtrisé au mieux : il faut limiter le plus possible les opportunités de renforcer des comportements problématiques, créer des opportunités pour renforcer des comportements désirables, multiplier les rencontres avec des congénères équilibrés et sociables, et prévenir plutôt que guérir. Notamment, avec une excellente socialisation et des bonnes bases d’éducation avant l’adolescence.

Ne rentrez pas en conflit avec votre ado poilu, mais essayez de le comprendre, de répondre à ses besoins et de bien le stimuler mentalement et physiquement pour améliorer son bien-être.

Surtout, soyez patients. Beaucoup d’ados ingérables deviennent des chiens super cools et faciles à vivre. Beaucoup d’entre nous, même des pros 😉, vivent des moments difficiles avec les chiens ados. Cela dit, cette période laisse place aux meilleures années que vous aurez avec votre chien.

Rédigé par Géraldine Merry de Vox Canis

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