Les signaux d’apaisement, cette communication incomprise.
Comme tous les êtres vivants, les chiens communiquent.
Mais cette communication, ces signaux, qu’ils émettent, passent parfois inaperçu.
Et les seules choses que l’humain décèle à chaque fois, c’est le grognement ou la morsure. C’est le plus flagrant, mais, avant d’en arriver là, il y a une multitude de choses que le chien vous a dites, et que vous n’avez pas vue, pas entendu, pas su lire…
Chaque centimètre du corps du chien parle! Tout le temps.
Et c’est cette communication, qui nous indique dans quel état émotionnel il se trouve. C’est à nous d’apprendre à la décrypter.
C’est un petit peu comme notre communication non verbale d’humain, c’est notre attitude, la manière de se tenir, les mimiques de notre visage, de notre corps tout entier, qui en dira long sur ce que l’on est entrain de vivre. Même sans parler.
Le chien construit son répertoire de communication, d’abord auprès de sa mère, et sa fratrie, jusqu’à 8 semaines environ. Ensuite, il va se perfectionner, (ou non) avec les chiens qu’il rencontrera au cours de son évolution. Plus il verra de chiens différents, avec des facies différents, qui eux, ont une communication claire et équilibrée, plus il deviendra à l’aise avec les messages qu’il envoie, et qu’il reçoit.
Il est normal, qu’il communique alors, avec nous autres humains, de la même manière!
Comme nous, qui employons des mots pour lui envoyer un signal.
Savoir lire son chien, c’est un entraînement quotidien, c’est beaucoup d’observation, c’est l’analyser du bout de la truffe, au bout de la queue, et prendre en compte le contexte et l’environnement à l’instant T.
Mais alors tous ces signaux, quels sont ils? Et que veulent il dire?
Toute cette communication que je vais vous décrire, est purement contextuelle.
C’est généralement l’expression d’un stress positif ou négatif (Excitation, peur, agacement…).
Lorsque vous apercevez un signal de la part du chien, analysez la situation, et concluez si c’est juste un comportement survenu en réponse à un stimulus physique (se gratter parce que ça gratte, se lécher la truffe, parce qu’il y a une herbe ou une saleté dessus…) si vous êtes en plein exercice, demandez vous si le chien ne monte pas trop en excitation, si ce que vous lui demandez n’est pas trop compliqué ou frustrant pour lui? Et si cela survient dans un contact social (humain, chien…) comment mon chien est entrain de vire cette situation, a-t-il besoin d’espace?
Un comportement isolé n’a pas de valeur, c’est le contexte qui définira ce qu’il représente, et ce que veut faire passer le chien comme message!
Un des signaux les plus courant, mais aussi, un des moins lisibles, de par sa rapidité d’exécution, est le « licking »: le fait de se lécher la truffe. Il fait parti des signaux de « stress léger », observable dans beaucoup de situations.
@simba.staff @dance_with_animals @lemondedemaikan
Le bâillement, pour apaiser: le chien qui l’émet, l’individu auquel il est adressé, la situation… Par exemple sur les photos ci dessous, Maïkan me demande un peu d’air!
Il fait la sieste et je le prend en photo.
Les photos seules, pourraient nous faire penser qu’il est « fatigué » , il est couché et se prélasse… Mais non, en analysant le contexte, je traduis que ce que je fais, lui provoque un léger stress, il me demande poliment de le laisser tranquille.
Haleter, est aussi un signe d’excitation ou de stress, à ne pas confondre avec un chien qui a chaud ou est essoufflé et qui ventile!
Se gratter! Il a des puces, son collier ou son harnais qu’il porte tous les jours l’incommode, ou il communique? Là est toute l’importance d’analyser le contexte autour du chien. Et on va se concentrer ici sur la communication qui découle de ce comportement: au quotidien, je le remarque souvent chez les chiens à qui on demande quelque chose qu’ils ne sont pas en capacité de donner à l’instant T, parce que c’est trop difficile, parce qu’il n’a pas compris, l’environnement est trop distrayant, cela provoque donc un stress qu’il exprime de cette manière. Evidemment, ce n’est que mon observation, ce signal peut être émis dans bien d’autres situations.
Détournement du regard, de la tête, du corps entier.
Différentes intensités pour ce signal qui indique un stress ou une demande d’espace.
Ce peut être aussi une forme de politesse lors d’une rencontre entre deux chiens, le fait de ne pas arriver de front. Dans ce cas là, c’est l’attitude corporelle toute entière du chien, qui parle .
@wolfsky_adventure @lemondemaikan
Voici une petite vidéo où vous verrez des croisements entre deux chiens, et beaucoup de communication. La femelle berger australien utilise le détournement de son corps, observez les écarts qu’elle fait, qui nous signifient qu’elle ne veut pas de contact avec le chien derrière le grillage: Maïkan, qui lui, envoie beaucoup de signaux faciaux.
Se hérisser, la piloérection, reflexe pilo moteur…
Cette réaction s’observe généralement chez un chien mal à l’aise, ou dans une grande excitation (ex: instinct de prédation). Cela survient en réponse à la vue, l’odeur d’un stimulus, ou d’une sensation.
Attention, parfois, la zone corporelle qui se hérisse peut être cachée par le harnais, il est donc bon de se référer à une association de signaux, plutôt qu’un seul.
Les zones les plus fréquemment hérissées sont la nuque, entre les épaules, tout le long du dos, ou juste à la base de la queue.
Voir Le blanc des yeux, est aussi, souvent, un signe de mal aisance chez le chien, ou d’excitation. Dans la photo ci-dessous, vous voyez clairement un groupe de chiens qui jouent. Attention également, chez certaines races, le blanc (ou le rouge) des yeux est visible tout le temps. Mais c’est physiologique.
Se secouer/ se rouler là encore il faut distinguer un chien qui sors de l’eau et qui s’ébroue, avec l’évacuation d’un stress. Par exemple pour Maïkan, c’est dès qu’il sort de la voiture. Il n’est pas très à l’aise, donc en sortant, il se secoue. Lorsqu’il lui est arrivé d’avoir un conflit avec un autre chien, il se jette immédiatement au sol après, pour se rouler, là encore, c’est une réponse émotionnelle à ce qu’il vient de vivre.
La position de la queue, peut aussi vous apporter des informations sur l’état émotionnel de votre chien! Une queue basse ou entre les postérieurs, indiquera un mal être, une queue haute et raide, une tension… Mais encore une fois, la queue seule, ne peut être révélatrice de l’état général du chien, et une queue qui remue n’est pas toujours bon signe, certains chien agressent avec une queue qui remue! Alors on se réfère au corps entier du chien. Prenez en compte également ses caractéristiques physiques (queue coupée, ou courte de nature, queue enroulé type primitifs…).
L’appel au jeux, amicale et positif
Il est toujours destiné a quelqu’un ou quelque chose, ce peut être un appel social (humain, chien, autre animal…) ou environnemental (jouet, ombre, mer!…)
Tension dans les muscles faciaux, on ne parle pas là du retroussement de babines, mais de tensions. Un stress léger, la concentration, une interrogation peut provoquer ça chez le chien. Ce signal est plus ou moins prononcé selon l’individu, il faut une bonne observation pour s’en rendre compte.
Retrousser les babines, montrer les dents, on arrive sur des signaux un peu plus « hauts » sur l’échelle de l’agression ou de la communication. Dans ce cas là le chien demande clairement de l’espace, ou, que la situation qu’il est en train de vivre se termine. Ce signal peut être accompagné d’un grognement.
@wolfsky_adventure @wolf_instinct
Claquer des dents, envoyer les dents… Là encore le chien cherche à faire reculer la source de son mal être. (Sur la photo, c’est une partie de jeux, mais si on ne connait pas le contexte, on peut aisément se poser la question. certains comportements sont identiques, mais utilisés à différentes fins, selon l’état émotionnel du chien !)
Une fois tous ces signaux lancés, et seulement après, s’en viendra le pincement, puis la morsure.
Parce que tout le reste n’a pas marché, n’a pas été entendu et respecté.
Une fois que le chien a mordu, et obtenu ce qu’il désirait (que ce qui le met mal à l’aise recule, que la situation qui est inconfortable pour lui, cesse…) Il aura enregistré que la seule chose qui a fonctionné, que l’interlocuteur à 2 ou 4 pattes a compris, c’est la morsure.
Donc ce chien recommencera, sans prendre la peine de prévenir. Parce que c’est SA logique. Parce que c’est ce qui a été payant pour lui.
Il est indispensable donc, de savoir lire les signaux que le chien nous envoie, et d’agir en conséquence.
Les aboiements ne sont pas « les mots » des chiens. C’est un exutoire émotionnel.
On associerai ça, chez l’humain, à un rire, des pleurs… Quelque chose d’incontrôlable, qu’on ne peut retenir, une émotion qui se vit et qui doit sortir.
On référence l’aboiement
– De joie ( Arrivée du propriétaire, rencontre amicale avec un chien…)
– D’avertissement (Quelqu’un qui passe devant la maison…)
– De peur ( Quelque chose qui fait peur au chien survient, un bruit…)
– De défense ( Dans le but de faire reculer le danger…)
– De frustration (Le chien n’obtient pas quelque chose qu’il convoite…)
–Appris ( Au départ aboiement émotionnel, puis le chien comprend que dès qu’il aboie dans cette situation, il obtient quelque chose d’agréable : friandise, attention du propriétaire… Il va donc reproduire cet aboiement, dans cette situation, mais de manière totalement volontaire.)
Voila pourquoi, faire taire un aboiement, passe forcément par résoudre la cause de celui ci. Tempérer l’émotion qui le déclenche. Les colliers anti aboiements
(collier électriques, à eau, citronnelle, ultra son…) Ne font que supprimer la conséquence: l’aboiement, mais l’émotion est belle est bien présente, C’est un peu comme bayonner un enfant qui a peur du noir pour ne plus l’entendre pleurer…
Le hurlement (qui se rapproche de celui du loup) est souvent émis lorsque le chien cherche un individu (chien, humain proche…) que l’on pourrait traduire par « je suis là, et toi où es tu? »
On peut l’entendre lorsque le chien reste tout seule a la maison, durant les absences de ses propriétaires… Un son similaire peut également déclencher un hurlement. A ne pas confondre avec les vocalises amicaux, que certains chiens peuvent émettre.
Vous connaissez maintenant la principale communication canine et toutes ses subtilités. Bien sur, il existe beaucoup d’autre nuances, comme la position des oreilles, le clignement des yeux… Mais vous avez déjà les clefs en mains pour vous entrainer au quotidien, à observer ce que dit votre chien.
Le but n’est pas de dramatiser, si votre chien émet des signaux! Pas du tout, l’idée c’est juste d’en être conscient, et de pouvoir y répondre correctement. Un chien qui communique c’est bien! Un chien qui grogne? magnifique! il parle, il prévient, vous êtes privilégiés. Ecoutez le, respectez le, et il n’aura jamais besoin d’aller plus loin.
Pour avoir une vision globale, voici « L’échelle de l’agression ou de communication » qui répertorie la majeure partie des signaux, de manière progressive, du plus amical, jusqu’à la morsure:
– Pas de réaction
– Micro signaux (lécher le nez, bâillement, détourner le regard…)
-S’en va (évitement)
-Signaux apaisement forts (le corps entier parle, se recroqueville, se raidie, s’hérisse, queue rentrée…)
– Posture défensive
– Montre les dents
– Grogne
– Aboie
– Posture offensive
– Mords dans le vide/ claque des dents
– Pince, Attaque sérieuse (morsure)
Merci à la grande Turid Rugaas, Educatrice et Comportementaliste Norvégienne, d’avoir démocratiser cette riche communication…
N’hésitez pas à partager autour de vous ce petit cours de langue canin, pour que tout le monde puisse enfin, parler chien!
Article rédigé par Valentine du Le Monde de Maïkan à retrouver avec ses vidéos sur :