« Combien de temps ça va prendre ? »

Chaque fois, ma réponse est la même :

« Ca dépend. »

En effet, ma présence au domicile de mes client.e.s se fait en moyenne à raison d’une heure tous les 15 jours. Une heure sur 336. 2/672e de temps par mois, c’est peu pour résoudre des problématiques ou créer des bases solides. Pourtant, on peut y arriver, chaque jour mes client.e.s assidu.e.s le constatent.

Ca fonctionne.

Ca fonctionne, mais pas par magie. Ca fonctionne parce que nous avons pris en compte certains aspects primordiaux, nécessaires, qui, s’ils ne sont pas considérés, vons nous emmener droit dans le mur :

1. Me faire confiance.

A l’ère d’internet et des réseaux sociaux, nous ne sommes plus tributaires de la distance pour choisir un.e professionnel.le. Vous avez le choix. Vous l’avez vraiment. Je travaille beaucoup en ligne (avec des résultats qui sont là malgré la distance) et je sais que nombre de mes consoeurs et confrères proposent aussi ce type de prestation. Ce qui veut dire que lorsque mes client.e.s font appel à moi, iels le font en connaissance de cause, ont CHOISI de me suivre, iels me font confiance pour les guider avec leur chien.

Ainsi, lorsque je donne des conseils, je tiens à ce que ceux-ci ne se contentent pas de résoudre la problématique immédiate, je tiens à ce qu’ils résolvent la cause de celle-ci, et peut-être même la cause de cette cause. Je tiens aussi à ce que cette nouvelle approche face à la problématique ne crée pas de nouvelles problématiques à terme. On ne déshabille pas Pierre pour rhabiller Paul, en somme. Et ça, ça peut prendre du temps et ça demande de s’accrocher un peu.

Ne choisissez pas par dépit la/le professionnel à qui vous confiez l’éducation de votre chien, surtout à l’époque où encore aujourd’hui, des chiens sont maltraités sous couvert d’éducation. Votre chien mérite mieux. Vous méritez mieux.

2. Garder en tête que notre chien… est un chien.

Cette simple phrase peut permettre de libérer nombre de problématiques qui, finalement, n’en sont pas vraiment. Prendre en compte que notre chien est un chien et non pas un ersatz d’humain, permet d’éviter des biais anthropomorphiques destructeurs pour la relation. Le chien n’est ni têtu, ni vengeur, ni méchant, ni sale ni voleur. Le prendre en compte permet de retourner à la source de la problématique et de l’accompagner correctement.

3. Ne pas oublier que le vivant, ça s’accompagne dans le temps.

A l’ère du « tout, tout de suite », on peut être tenté.e de vouloir un petit chien parfait (un petit robot ?) en une poignée de minutes. Les techniques coercitives se basent là-dessus, en promettant mont et merveilles en deux heures, deux jours ou deux semaines.

Combien de temps avez vous mis pour apprendre à faire sur le pot ? A manger proprement ? A parler ? A compter ? A écrire ? A conduire ? A peindre ? A jouer du piano ?

Des mois ? Oui, c’est normal. C’est normal parce qu’une compétence ne s’ancre que dans le temps. Et pourtant, vous, par chance, êtes né.e.s dans une famille dont l’espèce est similaire à la vôtre, dont les sens sont identiques, vous permettant d’apprendre facilement par imitation les comportements de vos congénères. Vous êtes né.e.s dans une famille qui fonctionne comme vous, vous apprend à parler grâce à des organes qui sont les mêmes, ont les mêmes facultés.

Vous avez appris à faire pareil, à être identique à ceux qui étaient déjà comme vous ! Pourtant, constatez comme ça a été long et parfois difficile.

Le chien, lui, n’a pas de pouce opposable, pas même de mains. Il ne peut pas parler, il ne peut pas se tenir sur ses deux pattes arrières et marcher ainsi. Ses sens, même si vaguement similaires, ne fonctionnent pas à la même priorité, ni à la même intensité.

Le chien est un chien, vous êtes un.e humain.e, vous êtes très différents, avez des besoins très différents. Le prendre pleinement en compte, c’est déjà faire la moitié du chemin.

4. Etre assidu.e.

Je ne l’ai pas précisé pour rien précédemment, être assidu.e est primordial pour pouvoir avancer concrètement. Faire appel à un.e professionnel.le, c’est faire appel à une personne qui sera là pour vous, vous guidera, vous épaulera (en tout cas, c’est ainsi que je vois mon accompagnement) et vous aidera à devenir un super guide pour votre chien.

Le rôle de l’éducateur n’est pas de formater votre chien pour qu’il s’adapte à vous, son rôle est de vous guider pour mieux le comprendre et devenir vous-même, à terme, un guide rassurant pour votre chien.

Tout ça, ça prend du temps et ça n’appartient qu’à vous.

Ainsi, si votre éducatrice/teur vous donne des conseils mais ne les appliquez pas, ça n’avancera pas. Il n’y a pas de secret, pour apprendre à jouer du piano, il faut apprendre le solfège, et ça demande du temps et du travail. Votre professeur de piano peut vous apprendre tout ce qu’il sait, si vous ne pratiquez pas, vous ne saurez jamais faire de piano. C’est la même chose, en plus intense encore, car le piano, lui, il ne vit pas.

Ainsi, lorsque vous adoptez un chien, ne partez pas du principe que son éducation complète se fera en deux heures ou en deux semaines (et n’exigez pas d’un professionnel sérieux qu’il le fasse). Accompagner un chien va vous demander de le faire lorsqu’il sera chiot, puis jeune chien, puis adulte. Votre chien va passer par différentes phases de vie, certaines plus simples que d’autres, et c’est l’accumulation de ces phases qui, à terme, va créer un petit chien adulte bien dans ses pattes.

De ses deux mois à ses deux ans minimum, l’éducation de votre chien devra être travaillée avec assiduité, avec ou sans l’accompagnement d’un.e professionnel.le qualifiée. Ensuite, il vous faudra continuer à accompagner votre chien tout au long de sa vie. Oui, toute la vie.

Oui, ça demande du temps et de l’énergie, mais avec des approches modernes, bienveillantes, respectueuses de l’intégrité physique, émotionnelle et mentale du chien et des humains qui vivent avec lui, ces moments de travail peuvent être de véritables moments de bonheur.

Prenez soin de vous, prenez soin de vos chiens, et prenez le temps de le faire.

Des bisous sur vos truffes.