Votre chien adolescent ne teste pas vos limites
Non, votre chiot qui grandit ne teste pas vos limites. Il n’est absolument pas en train de se demander comment vous rendre chèvre, d’ailleurs même une fois adulte il ne le fera pas. Au contraire, il a bien trop affaire avec ses propres émotions pour être capable d’appréhender les vôtres (ça, c’est votre travail). L’adolescence chez le chien est un vaste sujet qui mérite d’être abordé car c’est quand même pas rigolo d’être un chiot perdu dans un corps de grand, surtout quand les humains ne savent plus quoi faire.
En premier lieu, lorsque votre chiot devient adolescent, la communication entre son amygdale et le cortex frontal diminue. Alors qu’est-ce que ça signifie ? Ça veut dire que l’amygdale, qui est responsable des réponses émotionnelles, et le cortex frontal, qui est quant à lui responsable de la prise de décision consciente et de la mémoire, ne communiquent plus aussi bien qu’avant. Votre chien peut donc avoir des réactions disproportionnées par rapport à des choses qui vous semblaient pourtant acquises et être tout à fait incapable de répondre à une demande de votre part, tout simplement car la communication se fait moins bien qu’avant entre ces deux parties de son cerveau.
Ensuite, il faut également savoir que la mémoire est perturbée. Des peurs sont donc susceptibles d’apparaître chez votre chien adolescent après une mauvaise expérience qui le marquera par la suite. Il se trouve dans une période sensible où les expériences qu’il percevra comme étant négatives seront ensuite difficiles à oublier. Une seule mauvaise expérience pourra programmer par la suite des réactions de peur alors que jusque là, votre chiot « faisait avec » certaines choses qui ne semblaient pas l’atteindre plus que ça. Un chien adolescent peut donc, tout d’un coup, faire un écart en voyant un objet qui auparavant ne lui aurait pas fait peur. C’est une période où les expériences positives doivent être multipliées, de sorte à ce que ces petits moments de crainte ne deviennent pas de véritables associations négatives imprimées dans sa mémoire.
Enfin, les neurotransmetteurs inhibiteurs produits par les neurones de l’amygdale, qui servent donc à atténuer les réponses émotionnelles, ne seront matures qu’à la fin de l’adolescence. En clair, cela signifie que les réponses émotionnelles seront globalement plus fortes dans cette période de la vie de votre chien étant donné qu’elles ne pourront pas être aussi atténuées qu’elles le seront à l’âge adulte, lorsque l’amygdale aura atteint sa maturité.
En résumé, si votre chien adolescent se met subitement à ne plus savoir gérer ses émotions, à sauter alors qu’il ne le faisait pas avant, à avoir peur des ombres ou d’objets du quotidien, et à avoir des comportements que vous jugez indésirables… Ne mettez pas ça sur le compte des « limites » qu’il testerait, il ne fait absolument rien pour vous agacer vous en particulier. Au contraire, il est complètement perdu à travers tous ces changements (et c’est sans compter sur les hormones sexuelles qui vont commencer à venir l’enquiquiner).
Au lieu de lui demander l’impossible, à se montrer calme alors qu’il en est incapable, permettez-lui de décharger un trop-plein émotionnel sur une activité sur laquelle vous le redirigerez et qui sera acceptable pour vous. Créez autant d’associations positives que possible, mettez-vous au niveau de ses peurs et accompagnez-le dans sa « redécouverte » de son environnement, en l’encourageant et en allant à son rythme. Et enfin, récompensez à foison les comportements que vous souhaitez voir se reproduire, tout en prenant en compte le fait que ses capacités de concentration peuvent être altérées.
En résumé : mettez-vous à sa place et ne lui demandez pas la lune, n’oubliez pas que l’adolescence passera un jour (car elle dure globalement de six à dix-huit mois) et qu’à ce moment-là, vous pourrez être fier de tout le chemin que vous avez parcouru main dans la patte avec votre poilu !
Sources :
(Les études ont été faites notamment sur des rats, des singes et des humains, pour autant un consensus a été trouvé indépendamment de l’espèce : l’adolescence amène avec elle son lot de perturbations au niveau neurobiologique. Cet article est une vulgarisation de ces études, avec une simplification pour permettre à tou(te)s d’appréhender du mieux possible ce qui se passe chez les chiens à cette période délicate : il n’a pas pour vocation à se substituer à des études plus poussées qui ont quant à elles bon nombre d’informations supplémentaires à apporter.)
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