Les ordres : l’anti thèse de la (ré)éducation canine…
…oui, je ne prends pas de gants aujourd’hui. Quitte à écrire sur un sujet, autant le faire avec panache et conviction !
Mais pourquoi donc ? Premièrement parce qu’ils vont à l’encontre même de ce qui indispensable autant dans le cadre éducatif que rééducatif : la SÉCURITÉ.
Sans sécurité, impossible de réfléchir. Impossible d’apprendre. Impossible de mémoriser (autrement que via la mémoire traumatique). Impossible de réguler quoi que ce soit. Impossible d’être conscient de ce que l’on fait.
Pensez à ce chien totalement submergé par ses émotions lorsqu’il voit quelque chose qui l’effraie, le met en colère, surexcité, en hypervigilance ou lorsqu’il frustre et qu’on le laisse prendre sur lui comme un dingue (d’ailleurs dites moi en commentaire sur vous voulez que je développe l’aspect neuro bio de la frustration ) et qui ne régule…rien. Qui est totalement plongé dans un état insécure.
Et cela vaut pour le chien comme pour l’humain.
Sans sécurité, il est tout simplement IMPOSSIBLE de se développer correctement.
Pourquoi ? Car les lois de la biologie sont ce qu’elles sont. La régulation émotionnelle dépend de l’interaction cerveau / système nerveux autonome (pour les geek de la biologie il s’agit du néocortex et de la branche parasympathique vagale ventrale).
Hors que sait-on ? Que l’absence de sécurité conduit à un sous développement du néocortex (avec des séquelles possiblement irréversible dans les cas extrêmes) ainsi qu’une reconfiguration du SNA pour fonctionner h24 en mode survie.
Rajoutons à cela, que cette interaction est à minima de l’ordre de 80% du bas vers le haut en terme d’échange d’information. Autrement dit, la sécurité ou l’insécurité, avec toutes leurs palettes de comportements, sont donc à 80% viscérale.
La boucle est donc bouclée : plus on est en état d’insécurité, moins il est facile de se sentir en sécurité…
Certains me diront « oui c’est logique, la coercition fait des dégâts ». Certes, cela renvoie directement à la notion de menace perçue.
Sauf que cela n’est qu’un des nombreux facteurs de stress biologique. Le centre d’étude canadien sur le stress en a identifié bien d’autres comme l’imprévisibilité et l’incohérence, la complexité de la tâche ou du problème mais aussi … le contrôle faible sur les événements ou sa vie.
Manque de bol, la vision idéale du chien véhiculée par la société, les réseaux sociaux etc… est un chien sous contrôle constant !
Qu’obtient on à la longue ? Un niveau de stress biologique qui crève les plafonds, une modification de la neuroception (perception inconsciente de plus en importante de signaux d’insécurité même hors contexte) et finalement de plus en plus de difficultés à réguler ses émotions.
En résumé, l’inverse d’un être vivant équilibré et bien dans ses pattes.
Alors arrêtons de vouloir tout contrôler tout le temps. Arrêtons de lui demander sans cesse de rester au pied à chaque croisement parce que ça correspond à cette idée du chien qui se tient bien tout en étant plus pratique pour nous (d’ailleurs, demandons nous si ce chien peut encore exprimer son malaise en s’éloignant où si les conditionnements mis en place ne sont pas plutôt un frein à sa libre expression).
Cultivez la sécurité (ce qui est tout l’opposé de ne rien faire, attention !), partagez, partagez et partagez encore des trucs avec eux. Apprenez à les connaitre, à communiquer (dans les deux sens) autrement que par la parole et seulement enfin, faites leurs des demandes qui ont du sens.
Laissez les prendre LEURS décisions, et vous verrez que vous aurez de bonnes surprises.
Article rédigé par CynRgie à retrouver sur :