Mon chien saute – Vidéo Chirag Patel
C’est toujours agréable d’avoir un retour positif, et de pouvoir l’observer en situation.
F… avait pris l’habitude de sauter sur les visiteurs qui arrivaient à la maison, et sur les promeneurs qu’il croisait en balade. Après un bilan comportemental, l’échange qui avait suivi sur l’analyse, et quelques séances en commun, son humain me dit sa satisfaction : il vient maintenant dire bonjour à la porte sans sauter et il est à présent indifférent aux gens qu’il croise.
F… continuait à sauter parce que, d’une façon ou d’une autre, son comportement avait été renforcé par l’attention qu’on lui avait portée : sourire ou rire parce que ça amuse ou émeut les invités quand il est bébé, puis le toucher pour le repousser, ou lui parler et le disputer pour lui ordonner de descendre quand il a grandi : c’étaient pour lui autant de marques d’attention…
Lorsque F… était chiot :
• L’idéal aurait été d’anticiper dès le départ : même si c’est craquant de voir un bébé chien nous tendre les pattes, pensons au moment où il sera adulte et 3 fois plus lourd, ou bien où il aura les pattes pleines de boue et où on viendra de passer des vêtements propres… Ne le laissons pas sauter du tout, le chemin neuronal ne se créera pas, il prendra l’habitude de nous témoigner autrement son plaisir de nous voir ou son affection. On va lui faire comprendre ce qu’on attend de lui : ne pas sauter. C’est donc quand il a encore les 4 pattes posées qu’il est impératif de le renforcer. Et c’est son être d’attachement qui renforce, afin que le chiot l’identifie comme plus intéressant que quiconque arrive dans la maison ou croise son chemin. Son humain lance des friandises très appétantes par terre, et sans lésiner. Petit à petit, le chiot comprendra qu’il obtient l’attention souhaitée en gardant ses pattes au sol, et on pourra espacer la distribution, jusqu’à la faire finalement disparaître.
• S’il s’agit de personnes venues rendre visite à domicile, on peut jeter au sol des friandises avant d’ouvrir la porte, pour attirer le chiot vers le sol, et continuer à distribuer tant que la personne n’est pas installée, et l’ambiance revenue au calme.
Avec F…, plus âgé, qui a déjà pris l’habitude de sauter, à l’arrivée d’invités mais aussi lorsqu’il croise des passants, nous avons travaillé ces quelques pistes pour éviter ce comportement :
A la maison,
• quand une visite est prévue, favoriser le calme avant l’arrivée de l’invité(e) : musique relaxante, occupation calme, stabilité physique de la famille humaine.
• quand l’invité(e) arrive, nous avons utilisé la même méthode qu’avec un chiot : l’attirer nez au sol par une distribution de friandises, en l’espaçant progressivement.
Pour certains chiens, il peut être nécessaire, au départ, lors de l’arrivée d’invités, de les éloigner derrière une barrière (barrière bébé ou grille de parc à chiots) avec une activité calme de léchage ou de mastication, qui monopolise leur attention.
En balade,
inutile de raccourcir la laisse en criant ou en exerçant une saccade sur le collier. Outre le fait que cela fait monter la pression, la saccade provoque une gêne dans le meilleur des cas, plus souvent une douleur. Sans compter ses conséquences néfastes sur le physique, elle peut provoquer une association négative : c’est la présence du passant qui provoque la douleur ; il devient donc inquiétant. C’est un bon moyen de rendre un chien réactif.
Nous avons, en plus, de fortes chances de provoquer un phénomène de « réactance psychologique ». Jack Brehm, psychologue, l’a mis en évidence en 1966 : menacer la liberté d’action d’un être vivant provoque une réaction destinée à reconquérir cette liberté perdue. En l’occurrence, le chien se met à résister à la traction et à tirer en retour dans l’autre sens. Il persiste dans son projet de s’approcher du passant et de sauter. La frustration générée va souvent ajouter, à terme, des aboiements dans ce type de situation.
Au total, notre stratégie a donc été :
• Pour les passants, d’empêcher que le comportement ne se produise tant que le chien était incapable de le maîtriser, en évitant de le laisser en liberté, comme c’était le cas auparavant. L’utilisation d’une longue longe l’empêchait de s’approcher assez près des personnes, si on n’avait pas été assez vigilant ou rapide.
• Dans tous les cas, d’anticiper et d’attirer son attention avant qu’il n’ait déclenché et de renforcer le fait de garder les pattes au sol, comme indiqué précédemment. On renforce ainsi le comportement attendu, et on associe, de plus, la présence de la personne à un moment agréable, donc à une émotion positive.
Dans cette vidéo, Chirag Patel nous fait une démonstration du renforcement avec un jeune chien.
Rédigé par Sylvie de Parlons de Chiens à retrouver sur : https://www.facebook.com/profile.php?id=100070588812662