Ecole du chiot
Les écoles du chiot, un concept fleurissant qui part d’une si bonne intention… A condition d’aller jusqu’au bout dans la démarche !
Commençons cette petite ligne avec un exemple anthropomorphique bien sale :
Vous emmenez votre petite Yvette à la garderie, et vous constatez qu’il n’y a bizarrement pas d’adulte pour surveiller les douze enfants dans la pièce. Dans cette pièce fermée, il y a, par exemple, Huguette, quatre ans, et Gérard, dix ans. Gérard est en train de courir après Huguette qui pleure toutes les larmes de son corps en essayant de lui échapper. A côté, nous avons Gabin, Marius et Jean-Eudes qui sont en train de faire la tête au carré à Ferdinand parce qu’il n’a pas voulu donner son goûter.
Ouais, c’est une garderie des années quarante… et chez les chiens, ça ressemble à ça encore trop souvent !
Des chiots d’âges et de tailles radicalement différent.e.s mis ensemble dans le même terrain.
Pas de surveillance active de la part des humains (on va en reparler).
Beaucoup trop de chiots au mètre carré.
Pas d’apprentissage fait en parallèle, juste des chiots mis en tas dans un terrain pour qu’ils « apprennent entre eux ».
Pas de possibilité de s’extraire de la situation pour les chiots qui en prennent, littéralement, plein la tronche.
Forcément, vu comme ça, vous vous diriez que ça ne fonctionne pas des masses. Vous auriez raison. Dans des situations de ce type où chaque chiot est tributaire de la loi du plus fort, ce sont les plus grands, les plus forts et les plus rapides qui vont gagner. Quant aux autres, ils vont se prendre peignée sur peignée et vont ressortir de là avec un souvenir cuisant.
A terme, ça donne des grands chiens qui apprennent à devenir des tyrans en puissance, et des chiens plus timorés, plus petits ou moins rapides, qui apprennent que les autres chiens sont des psychopathes et qu’il faut les fuir comme la peste. Bonjour l’ambiance !
Si vous voulez que votre chien fasse une école du chiot, c’est une super idée, à condition que :
La/le pro ne laisse JAMAIS un chiot se faire matraquer la tronche « parce que c’est pédagogique » (non, se faire courser comme une proie ou se faire catapulter n’est PAS du jeu, ça n’apprend RIEN de pertinent, c’est pas sympa, c’est tout caca).
Chacun des humains soit en surveillance ACTIVE de son chiot et soit prêt à intervenir sur signal du/de la pro.
Que des tests de consentement soient faits régulièrement dans les jeux en proposant au chiot entreprenant de faire une pause et en voyant si l’autre chiot veut continuer (ou pas) l’interaction.
Que les âges et les gabarits des chiots soient cohérents car ils n’ont pas la même mobilité ni la même puissance à deux mois ou à six, s’il s’agit d’un jack russel ou d’un dogue allemand.
Qu »il n’y ait pas 12 chiots dans le même terrain : immerger son bébé chien dans un brouhaha de 12 congénères n’est pas une première rencontre douce.
Que le terrain soit assez grand pour que chacun ait l’espace de s’exprimer sans empiéter sur l’espace vital des autres.
Que des temps de pause soient proposés régulièrement et des activités calmes instaurées : apprendre à être calme en présence des congénères, à partager une ressource, à rester connecté à son humain malgré la présence des copains…
Si possible, que des chiens adultes viennent de temps en temps, pour expliquer en douceur et poliment aux chiots que l’on est poli avec les autres chiens (je ne parle pas de « chien médiateur », juste d’adultes qui sauront dire au chiot s’il est trop relou avec eux).
Et même, dans l’idéal, que ces écoles bougent dans différents endroits, car le meilleur moyen d’apprendre à bien se comporter dehors, c’est d’y aller.
Bref, une école, ça doit bien porter son nom.
Des bisous sur vos truffes !
Article rédigé par Céline Herrant de Aura à retrouver sur : https://www.facebook.com/media/set/?vanity=auraeducationcanine&set=a.1734309303364909