Cette référence est évidemment fonction de la relation de confiance que le sujet entretient avec son « modèle ». C’est le cas, généralement avec les membres de sa famille-chiens, les premiers référents et les plus naturels. Ce peut être, après adoption, un autre chien du foyer, ou du même groupe (voisin, copain de jeux, de club, de balades collectives,…) qui endossera ce rôle : si un individu est en confiance, bien à l’aise et en réussite dans une situation donnée, il pourra servir de modèle à un congénère.

L’apprentissage par imitation, qui se déroule sans aucune intervention humaine, joue donc un rôle important chez le chien. Mais outre le fait que cet apprentissage se fait de manière naturelle, hors du contrôle de l’humain, ce dernier peut aussi l’utiliser comme un outil intéressant dans le cadre de l’éducation :

• La fréquentation d’un autre chien de la famille contribue, pour un chiot ou un nouveau venu adulte, à l’apprentissage des « règles » du foyer en minimisant les interventions de l’humain. Ce peut être une aide également dans l’apprentissage de la propreté.

• Pour lui apprendre une action ou un geste, il peut avoir recours à un autre chien qui le maîtrise et qui servira de modèle à l’ « élève », qui travaillera ainsi en confiance (le psychologue Stanley Coren de l’Université Columbia rapporte, en 2013, ce type de procédé, par exemple, dans l’éducation des Saint-Bernard : « Ces chiens, dit-il, n’ont jamais reçu d’entraînement spécial. Les jeunes chiens accompagnent simplement les chiens expérimentés quand ils partent en patrouille. »).

• De la même façon, pour faciliter l’apprentissage d’un chien adulte qui serait en échec par rapport à une situation donnée, on peut l’amener à reproduire le comportement d’un congénère en réussite. Il gagnerait ainsi en confiance en soi.

• Un chien timide ou craintif pourra être rassuré par l’assurance d’un autre chien dans l’environnement qui provoque son anxiété, ou en présence d’objets qui lui font peur. Certains utilisent aussi parfois ce procédé pour aider les chiens à vaincre leur phobie.

• Un chien bien équilibré pourra contribuer à faire acquérir des compétences sociales à un congénère, ou à les améliorer.

Le chien aura évidemment plus spontanément tendance à utiliser un représentant de la même espèce comme modèle. Cependant, il peut aussi apprendre par imitation d’un animal appartenant à une espèce différente, ou même d’un humain.

C’est ainsi qu’est née la méthode « Do as I do » (« Fais comme moi ») prônée par la chercheuse Claudia Fugazza (Do As I Do: Using Social Learning to Train Dogs , 2014). Elle a entrepris, sur des comportements simples que le chien maîtrise, de lui apprendre la commande « Do it » (« Fais ça ») pour lui faire comprendre le principe de l’imitation des mouvements de l’humain. Elle a ensuite appliqué cette façon de procéder à des gestes plus difficiles (cela suppose, évidemment, qu’on se limite à des actions réalisables par un humain). Il ne lui reste plus, ensuite, qu’à poser une commande vocale sur l’action.

Il reste que, si l’apprentissage par imitation permet au chien d’apprendre naturellement et sans contrainte, il peut tout aussi bien découvrir tout un tas de choses imprévues en observant un congénère plus expérimenté… Ce peut parfois être très gênant, quand ce modèle propose des comportements indésirables !