Jouer, oui. Mais comment et avec qui ?
Le chien, cet animal social.
Quoi de plus normal, mais surtout de plus plaisant, que de voir deux chiens jouer?
Le jeu entre chiens est un moment que la plupart des propriétaires vivent régulièrement et apprécient. C’est souvent le moment de la sortie hebdomadaire du chien, parfois lors de la quotidienne, on rencontre « des copains » et tout le monde joue gaiement sous le regard aimant des humains.
Qu’on ne se méprenne pas, les contacts avec ses congénères sont indispensables pour Toutou et relèvent, selon moi, d’un besoin primaire au même titre que manger et boire. Car le chien est un animal social !
Kezako un animal social ? Ca veut dire que Médor doit vivre avec Rex et Rantanplan pour être heureux car le chien n’est pas un animal solitaire, bien au contraire ! Il doit apprendre à parler chien et à le lire, de façon à communiquer correctement avec les autres membres de son espèce et à pouvoir entretenir des rapports cohérents avec eux. Tout cela dans le but d’être un adulte mature, sain et équilibré.
Le jeu passe donc par là pour aider à construire les relations entre les chiens ainsi que des individus mûrs. Mais pas n’importe quel jeux.
Jouer au lapin ne sert à rien
« – Oh, regarde, le mien a pris un bâton !
– Oui et le mien lui court après pour le récupérer !
– COURS YOUKI, COOOOURS ! »
Ca vous parle ce genre d’échange? Malheureusement, oui.
Ces jeux de poursuite que j’appelle sont monnaie courante dans les parcs canins ou tout autre endroit de rencontres entre propriétaires et leurs chiens où l’on reste statique. Les chiens chahutent, prennent un bâton (quand ce n’est pas une balle qu’on leur lance…) et le jeu finit avec un chien devant et tous les autres à ses trousses. Drôle? Attendrissant? Pas vraiment !
Lors de ces grandes cavalcades, le chien qui court en avant des autres peut s’amuser un moment mais la situation devient vite anxiogène et finit parfois mal pour le coureur. En effet, ce genre de comportement a pour but de se faire courir après (on est alors le lapin) mais c’est bien pour se faire attraper ! Et c’est cette partie là qui finit par devenir moins fun. Le chien se fait souvent choper les fesses, s’arrête, les autres chiens lui tombent dessus, portés par leur élan et le coureur termine assailli par tous les copains qu’il voulait faire cavaler. Si le chien qui courait réagit bien, il s’immobilise, repousse un peu les assaillants et se calme. Mais trop souvent, porté par la forte excitation développée par la course, le coureur harcelé répond et les assaillants, bien énervés également par l’épisode « lapin » ont tendance à renchérir. On risque alors une bagarre.
Evidemment, ce scénario n’est pas systématique mais il n’en reste pas moins réel et surtout, assez inutile.
On en arrive donc à des situations où les chiens sont très excités, où les tensions peuvent vite monter. Imaginez alors qu’on lance une balle dans une tel groupe. Excitation + course + frustration pour ceux qui n’ont pas la balle + possessivité éventuelle de certains membres du groupe = gros bordel général.
Comme nous l’avons vu plus haut, même si on ne lance pas une balle, le jeu du lapin peut survenir dans un groupe, spontanément. Les chiens n’ont donc pas besoin de nous pour créer des situations d’excitation !
Cela veut donc dire que l’on doit intervenir lorsqu’il y a course poursuite?
Pour ma part, cela dépend du groupe de chien. Par exemple, si un jeune chien provoque une course poursuite avec les miens, je n’interviens pas car je sais qu’il va se faire intercepter et corriger justement par mes chiens, qui ne tolèrent pas ce genre d’agitation. Mes chiens vont chercher à éteindre ce comportement que le chien extérieur arrêtera vite de proposer.
Dans un grand groupe, je ne laisserai pas le comportement aller au bout car le nombre de chiens présents pourrait créer un désordre compliqué à gérer. Et comme le but est d’amener nos chiens aux bons comportements qui en feront des individus mâtures et structurés, je préfère intercepter les chiens le plus rapidement possible, faire un rappel si c’est possible ou tout autre détournement d’attention.
Dernier point à aborder pour finir de vous convaincre: quelle différence voyez vous entre courir après un chien et courir derrière un vrai lapin? Ou une balle? Aucune !
Même si, évidemment, les chiens font bien la différence entre un congénère et un rongeur ou tout autre gibier ou balle ou frisbee, les mécanismes de prédation que l’on active sont sensiblement les mêmes ! Observation, fixe, poursuite, préhension… Un chevreuil, un Jack Russel ou un frisbee, le chien fait la même chose et ces comportements provoquent la libération des mêmes hormones dans l’organisme du chien.
Je n’en dis pas plus sur ce dernier point car il fera l’objet d’un prochain article qui me tient beaucoup à coeur.
Le bon jeu enter chiens, ça existe !
Pas de panique, une lueur d’espoir pointe au travers des nuages car tous les jeux ne sont pas idiots !
Si on s’extasie – à tort, vous l’aurez compris – devant deux chiens qui se courent après, on est souvent attendris par une autre sorte de jeu: deux grosses larves qui se prennent dans la gueule, couchés l’un à côté/au dessus/en dessous de l’autre, en discutant à base de grognements mignons.
Ca vous parle aussi ? Et bien le voilà notre « bon » jeu !
Si les jeux de courses ou ceux de simulacres de bagarres mais un peu violents ne sont pas terribles, les jeux sur place, avec ou sans objet, sont excellents pour nos loups.
Sans objet, ils permettent un échange souvent calme entre les chiens et les obligent à travailler leurs auto-contrôles car si l’un fait mal à l’autre, tout s’arrête. Donc il faut faire attention à ce qu’on fait avec ses grandes dents pour que le jeu continue.
Il est également intéressant de voir les rôles s’inter-changer. Un coup c’est l’un au dessus, un coup c’est l’autre… C’est là, la définition du jeu car si l’un n’accepte pas d’échanger, l’interaction n’est plus la même.
Ce genre de jeu peut aussi avoir lieu avec un objet comme lien entre les chiens comme un bâton ou un tug. Les chiens le prennent en gueule chacun d’un côté, tirent dessus, se couchent dessus, j’en passe et des meilleurs. Tant que cela ne déclenche pas de course poursuite et que tout le monde partage, c’est super. Ca permet de travailler le partage de ressource, justement, toujours les auto contrôles et c’est parfois un bon moyen de détendre l’atmosphère.
Dans ce dernier cas, l’objet est proposé à un chien par un autre afin d’initier l’interaction. C’est joli à voir car cela arrive parfois d’un chien à l’aise vers un chien un peu timide et cela permet de créer un contact entre les deux individus.
Mais dans les deux cas, on parle de jeux calmes, sur place ou avec très peu de déplacement. Du bon jeu quoi !
Et que faire si l’on n’a pas de « bons chiens » à disposition ?
Et oui, pas toujours évident de proposer de bonnes rencontres à nos Toutous !
Evidemment, ces conseils s’appliquent lorsque l’on est propriétaire d’un chien aux comportements immatures, excités et parfois impolis vis à vis des autres chiens. On va alors chercher à mettre notre chien en contact avec des chiens qui lui montreront les bons comportements et participeront à son éducation. Qui peut parler mieux « Le Chien » que les chiens eux mêmes ?
Si vous êtes propriétaire d’une grosse patate de chien qui aime dire bonjour et repartir faire sa balade en explorant son environnement, regarde une balle passer devant lui comme une vache regarde passer un train, ce message n’est pas pour vous… Mais passez moi un coup de fil, j’adore votre chien !
Déjà, je milite pour le moins de statique possible lors des balades. Si vous voyez un groupe au loin, assis sur un banc avec les chiens qui chahutent autour, voir qui lance un jouet, je vous déconseille d’y aller car c’est souvent le fait de rester sans bouger qui va accumuler les tensions.
Dès qu’on se remet à marcher, qu’on garde du mouvement, le groupe s’apaise plus facilement.
Ensuite, n’hésitez pas à sélectionner vos rencontres. Si le chien du voisin est mignon mais aussi déluré que le votre, mieux vaut éviter les parties de jeux, du moins pendant un moment, le temps que le votre apprenne les bons gestes.
Grâce aux réseaux sociaux également, vous pouvez faire de bonnes rencontres pour votre Toutou. N’hésitez pas à rechercher des groupes de balade sur Facebook par exemple. Présentez vous et expliquez quels profils de chiens vous recherchez pour votre Toutou et pourquoi. Bien souvent, les gens comprennent et vous aurez l’occasion de faire une balade sympa, éducative pour votre Loup et, pourquoi pas, une rencontre d’humains sympa aussi !
Si vous souhaitez ou que vous faites déjà appel à un promeneur, même scénario, soyez franc et n’hésitez pas à dire à cette personne le type de chien avec lequel votre petit Loup devrait se balader. Des chiens calmes, mâtures… Des patates !
Enfin (mais non des moindres), vous pouvez également faire appel à un éducateur canin professionnel qui présentera ses chiens au vôtre pour en faire la lecture et vous aider à faire de bonnes rencontres. C’est également l’occasion de participer à des balades éducatives où le groupe est formé par l’éducateur lui même.
Le jeu chez le chien, cet élément bâtisseur
En bref comme en résumé, vous l’aurez compris, tous les jeux qui incluent beaucoup de mouvement et de l’excitation sont à proscrire, du moins pendant un certain moment, le temps de façonner un individu mâture, équilibré et stable qui vous ravira dans le quotidien.
Car il en faut beaucoup pour éduquer un chien aux bons comportements, mais peu de mauvaises rencontres peuvent s’inscrire durablement dans le comportement de nos chiens… Donc soyons vigilants, même dans les jeux car la construction de nos merveilleux loups passe aussi par là !
http://www.dogfaculty.com/jouer-oui-mais-comment-et-avec-qui/