La surstimulation et le conditionnement
Excellent article de Gaëlle Pont de In Dog We Trust
Aujourd’hui, on va parler un peu des dérives de l’éducation positive.
Alors oui, il y a de bons éducateurs en positif, et il y a des mauvais comme dans le milieu traditionnel, et dans le milieu de tradi bonbon. Comme partout quoi, vous allez avoir de bons garagistes comme de mauvais.
La sur-stimulation :
Aujourd’hui nous pouvons pas mal observer des chiens qui sont surstimulés, pas de façon négative ou volontaire, bien au contraire c’est en général pour bien faire.
Il s’agit de chiens que l’on stimule tout le temps, à qui on va toujours demander de réfléchir, de proposer des comportements, d’interagir avec nous sur signal.
Ces personnes là sont en général brieffées type « Vous adoptez / achetez un border collie, vous savez qu’il lui faudra beaucoup d’exercices ? » sauf que les explications ne vont malheureusement pas plus loin.
Les gens se mettent donc à faire pleins pleins de choses avec leur chien en pensant bien faire, alors qu’en fait… Ils se retrouvent avec beaucoup de problèmes type « je comprends pas on fait pleins de trucs avec lui mais on a quand même plein de destructions à la maison et il se bouffe les coussinets ! »
Un chien qui va être trop stimulé, va rentrer dans un cercle vicieux. Il proposera 100000 comportements pour obtenir votre validation, il sera sur le ki-vive tout le temps au cas où vous lui demandiez un truc, il aura trop envie tout le temps de vous faire plaisir. Il ne saura pas se poser, va se lever dès que vous bougez (attention par contre à ne pas généraliser, si votre chien se lève parce que vous vous levez c’est pas forcément parce qu’il est trop stimulé ! ça peut-être bien d’autres choses donc n’hésitez pas à consulter un éducateur si besoin), il sera toujours à 80000 à l’heure.
Pour comprendre la suite, il vous faudra comprendre ce qu’est le cortisol.
Le cortisol, définition : (pour les Suisses qui écoutent Couleur3, imaginez ces termes façon Yann Marguet dans les orties)
Le cortisol est une hormone produite par les glandes surrénales donc au dessus des reins à partir du cholesterol. C’est l’hormone du stress chronique. Le cortisol est par ailleurs impliqué dans la production des catécholamines. Il permet la transformation de la Noradrénaline en Adrénaline. Le cortisol à un impact global sur l’ensemble de l’organisme (métabolisation du glucose, lipides, calcium,…) ainsi que sur le système immunitaire
En gros pour résumer ce charabia, votre chien va secréter du cortisol dans plusieurs contextes : Changement d’environnement (adoption par exemple, génération de cortisol), Stress, excitation, bagarres (génération d’adrénaline), Mise au travail, etc etc. A savoir que le taux de cortisol après une bagarre ou tout autre de ces événements mets environ une vingtaine de jours à descendre.
Certains chiens, que « nous » dans le milieu on appelle les shootés (les toxicos quoi !) vont volontairement agresser un autre chien pour avoir son shoot de cortisol et d’adrénaline, ça devient une dépendance.
Pour ne pas faire de votre chien un shooté, et lui créer des problèmes chroniques de stress (diarrhées, syndrome de cushing, salivage, fort taux de cortisol en permanence) il ne faut pas seulement apprendre à votre chien à être « aux ordres » et être le master des tricks divers et variés, mais il faut aussi lui apprendre le calme, récompenser les moments volontaire où le chien ne fait rien et n’est pas sur le ki-vive.
Un chien doit savoir ne rien faire aussi, sans que ça le perturbe. Nous on sait très bien rester devant netflix avec un chocolat chaud et un plaid, non ? Bah le chien aussi doit savoir rester peppouze 😊 (Attention je vois la dérive venir, c’est pas une excuse pour pas les sortir, il faut savoir faire un juste milieu entre la glande et l’activité, c’est comme tout si on part dans les extrêmes…)
Le conditionnement :
Alors qu’est ce que le conditionnement ? Il en existe 2 types. Le conditionnement classique et le conditionnement opérant.
Le conditionnement classique : Définition (Yann Marguet sort de ce corps !)
Le conditionnement classique (aussi appelé conditionnement répondant, conditionnement de type I ou conditionnement pavlovien) est un concept du béhaviorisme proposé par Ivan Pavlov au début du XXe siècle. Cette théorie s’intéresse aux résultats d’un apprentissage dû à l’association entre des stimuli de l’environnement et les réactions automatiques de l’organisme.
En gros, un monsieur un peu allumé appelé Pavlov a fait une expérience. Il avait des chiens en cage, et sonnait une clochette avant de leurs donner à manger tous les jours pendant une certaine période. Il a pu observer ensuite, que simplement au son de la clochette les chiens se mettaient à saliver. Clochette = bouffe = conditionnement classique. Pour un exemple concret par exemple dans notre vie avec nos chiens (Mentez pas, je sais que vous le faite quasiment tous !) Gamelle de croquettes = Assis le chien sinon tu manges pas = conditionnement classique car gamelle = assis.
Le conditionnement opérant : Définition
Le conditionnement opérant (appelé aussi conditionnement instrumental, apprentissage skinnerien ou conditionnement de type II) est un concept du béhaviorisme initié par Edward Thorndike et développé par Skinner au milieu du XXe siècle. Cette théorie s’intéresse à l’apprentissage dont résulte une action et tient compte de conséquences de cette dernière rendant plus ou moins probable la reproduction du dit comportement.
En gros un deuxième monsieur un peu allumé appelé Skinner a fait une expérience. Il avait des rats qu’il a mit dans des boîtes particulières. Par exemple, une boite contenait un levier, le rat se baladait dedans et poussait le levier sans faire exprès qui faisait tomber pleins de nourriture, la deuxième fois le rat poussait le levier à nouveau sans faire exprès, puis au final il avait compris que si il poussait le levier, il avait la nourriture. Donc action pousser le levier = bouffe = conditionnement opérant. Cette expérience se poursuit aussi avec une phase négative (choc électrique) mais nous n’allons pas l’aborder pour rester concis (un peu, j’essaie en tout cas !). Dans notre monde avec nos chiens pour donner un exemple, en balade le chien fait sa vie, il va revenir tout seul nous dire coucou, on va récompenser ce comportement = conditionnement opérant, le chien propose / fait une action, et reçoit une récompense dans le but de reproduire cette action.
Vous suivez jusque là ?
Maintenant les dérives du conditionnement. En conditionnant nos chiens (comme l’armée le fait avec les humains par exemple, ordre = action sans réfléchir) et bah justement on les empêchent de réfléchir. Si tout est trop conditionné, que chaque comportement du chien nécessite une interaction humaine, ils perdent complètement leur libre arbitre.
On observe souvent ça après les rééducations « chiens réactifs » par exemple, le chien a tellement (et de façon parfaitement justifiée !!) été conditionné chiens au loin = tu me regardes et tu te calme, qu’ils vont tout le temps demander l’approbation à l’humain et ne feront plus rien d’eux-mêmes sans « demander ». ça devient des chiens robots.
Pour éviter d’avoir un chien robot, parfois, quand évidemment ça ne mets la sécurité de personne en danger s’il s’agit d’un chien réactif, laissez lui prendre des décisions. Observez le si il fige sur un truc au loin, et sans rien dire laissez le choisir si il veut aboyer le truc ou s’en détourner tout seul (vous pouvez évidemment récompenser son bon choix). En balade, s’il y a une intersection, laissez le choisir la direction qu’il veut suivre. Il est important que le chien puisse dire ce qu’il a envie à sa petite échelle, et il est important qu’on lui laisse ces petites bouffées de liberté : )
Pour résumer, apprenez à vos chiens à savoir rester calme aussi, n’en faites pas des bêtes de course et des assoiffés du boulot, et laissez les prendre quelques décisions même si parfois ce ne sont pas celles que vous attendiez. N’en faites pas des chiens robots totalement dépendant de vous !
C’est tout pour moi pour aujourd’hui !