Les punitions et les menaces nuisent à l’apprentissage de votre chien

Lorsque vient le temps de modifier le comportement de notre ami canin, l’ajout d’un aversif (punition positive) est souvent l’outil le plus facile et « efficace » à utiliser sur-le-champ : cela nous permet de faire cesser un comportement immédiatement et apporte ainsi un certain soulagement.

Quand nous notons les conséquences d’une petite punition infligée à notre animal (un jet d’eau dans le visage, par exemple) nous sommes plutôt satisfaits des résultats, sans toutefois être aptes à comprendre que les effets immédiats de ce petit jet d’eau auront aussi des répercussions néfastes à court, moyen et à long terme sur le comportement de notre chien.

Si vous souhaitez réellement apprendre les bonnes manières à votre chien et que ces apprentissages soient durables, mieux vaut limiter les agents stressants.

Le seul type de punitions que vous pouvez utiliser sans augmenter considérablement le niveau de stress de votre animal est le retrait d’un privilège (punition négative) utilisé en duo avec l’entraînement préalable d’un comportement alternatif.

La punition augmente le stress chez votre chien
Le stress peut être créé selon différents facteurs [i]:
  • Un manque de contrôle
  • L’imprévisibilité
  • La nouveauté

Lorsque nous punissons notre chien, nous créons automatiquement du stress puisqu’il ne peut s’y soustraire (manque de contrôle, et souvent de prévisibilité). Évidemment, certains types de châtiments sont plus stressants que d’autres, en fonction du contexte et de l’individu.

Lorsque Poilu est stressé, ses glandes surrénales produisent et libèrent du Cortisol.[ii] Cette hormone a pour fonction d’augmenter le taux de glycémie, ce qui augmente l’énergie que l’organisme peut utiliser pour contrer les menaces. Nous assistons donc à une réaction de survie de la part de l’organisme de l’animal.

De plus, le stress a aussi comme effet de diminuer le niveau de sérotonine, un neurotransmetteur qui a pour mission d’augmenter la communication cellulaire et de stabiliser l’humeur. Un bas niveau de sérotonine augmente les réactions agressives. [iii]

Punir nuit à l’apprentissage de votre chien

Le cerveau d’un animal anticipant d’éventuelles punitions est fortement influencé par les composants chimiques sécrétés par son corps en réponse au stress. Certaines études mentionnent que 98 % des communications internes (cérébrales et corporelles)[iv] se font via l’intermédiaire des peptides (éléments chimiques de la famille des protéines), dont le niveau de sécrétion varie en fonction du degré de stress d’un individu.

Un excès de noradrénaline déclenché par des situations anxiogènes ou stressantes diminue la vigilance, amplifie la confusion, augmente le nombre d’erreurs et peut même mener à une hypersensibilité (l’animal réagira au moindre stress comme si sa vie en dépendait).

De plus, les animaux stressés auraient inconsciemment tendance à modifier leur champ de vision afin d’améliorer la capture d’informations visuelles périphériques pour mieux localiser les prédateurs/menaces : nous pouvons donc concevoir que l’individu ait du mal à se concentrer sur une tâche en particulier, et davantage si celle-ci ne relève pas de la survie immédiate.[v]

Au final, les animaux sous l’influence de pressions malsaines dans leur environnement apprendraient tout simplement moins rapidement puisque les menaces activent des mécanismes de défense générant des comportements très appropriés pour la survie, mais contraires à l’apprentissage.

Dans un contexte d’entraînement ou de thérapie comportementale, la punition peut donc s’avérer contre-productive.

Les effets sur la mémoire de votre chien

Si l’apprentissage s’effectue de manière plus ardue lorsqu’un animal est confronté à des conditions stressantes, qu’en est-il des notions qui ont tout de même été assimilées?

Elles seraient plus difficilement généralisées, le cerveau ayant du mal à effectuer les interrelations nécessaires pour y arriver. L’animal aurait aussi plus de difficulté à élaborer des concepts puisque la mémorisation serait réduite à un ensemble de faits isolés.[vi]

La comparaison de cerveaux d’animaux vivants dans des conditions saines et stressantes a mené aux observations suivantes : la structure de leurs neurones avait subi des modifications majeures. Les cellules nerveuses des animaux du deuxième groupe auraient des ramifications moins nombreuses et plus courtes.

La différence entre bon et mauvais stress

Le stress modéré à court terme motive la résolution de problèmes et renforce les connexions entre les neurones. Il augmente la vigilance ainsi que la productivité.[vii]  Dans ces conditions, le corps tente de s’adapter à son nouvel environnement et l’individu essaie de « relever un défi ». On parle alors de bon stress.

C’est lorsque l’épreuve dépasse les capacités d’adaptation de l’individu que le stress peut devenir incommodant, voire dangereux.

Le mot d’ordre pour que l’animal maintienne un niveau de stress bas ou modéré sera de ne pas l’exposer à des situations anxiogènes qu’il ne peut fuir, qui sont trop imprévisibles ou bien à des défis qu’il n’est pas apte à surmonter.

Il faut toujours l’accord de l’animal afin que celui-ci décide par lui-même de se confronter à une situation stressante.

Si je ne peux punir mon chien, quelle solution efficace puis-je envisager?

Tout dépendamment des cas, et peut-être même sous la supervision d’un éducateur canin, vous pourrez envisager l’une de ces méthodes :

Pour avoir un chien plus obéissant et équilibré, évitez :
  • L’intimidation (cris, postures menaçantes)
  • Les contraintes (forcer le chien à adopter une posture)
  • Les châtiments corporels (saccades sur la laisse, collier étrangleur, jet de citronnelle)
À propos de cet article sur le stress chez le chien

Dans cet article, nous avons abordé la question d’un point de vue biologique et non behavioriste : ce que les substances chimiques libérées par notre organisme créent comme réactions et les changements apportés au niveau neurologique chez les individus menacés.

Notons que la plupart des informations ont été tirées de références universitaires concernant l’apprentissage chez l’humain destinées à de futurs enseignants et psychologues.

Toutefois, lorsque nous prenons en compte que 18 473 gènes du chien sont communs aux gènes humains (on estime le nombre de nos gènes à 25 000) [viii] et que nos cerveaux sont très semblables (nous nous servons nous-mêmes d’études réalisées sur des chiens pour expliquer nos comportements), nous pouvons avec quelques réserves, tenter de mieux comprendre nos compagnons à quatre pattes avec ces précieuses informations.

Bien que toutes ces présomptions n’aient rien de purement scientifique, elles semblent apporter des réponses logiques aux éducateurs canins ainsi qu’aux propriétaires de chiens désirant approfondir leurs connaissances!

[i] http://www.stresshumain.ca/le-stress/quest-ce-que-le-stress/historique-du-stress.html

[ii] Eric Jensen, Le cerveau et l’apprentissage

[iii] http://www.sciencemag.org/content/320/5884/1739.abstract

[iv] Pert, 1997, p.139.

[v] Eric Jensen, Le cerveau et l’apprentissage

[vi] Eric Jensen, Le cerveau et l’apprentissage

[vii] Richard L. Huganir

[viii] http://www.sciencepresse.qc.ca/archives/2003/man290903.html

Rédigé par l’équipe De Main de Maître

http://www.demaindemaitre.ca/stress-anxiete-chien-comportement-canin/

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Dogspirit Education Canine Comportementaliste 06.23.62.50.40 Montpellier et environs Tatjana Cerabona - Educateur canin, spécialiste de la relation Homme-Chien

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