Récapitulatif sur les concepts intéressants en éducation canine
En matière d’éducation, il y a un certain nombre de concepts qui peuvent être intéressant à connaître pour être à peu près autonome face à son chien. Je conseille néanmoins à chacun de prendre des cours, de faire des stages auprès de bons professionnels.
Dans cet article nous allons présenter les différents sujets qu’il peut être intéressant de fouiller pour avoir des bases.
Conflit de motivation
Il est possible de résumer beaucoup de choses grâce aux conflits de motivation. Le chien est un animal opportuniste. Il fait ce qui lui rapporte le plus ou ce qui lui permet de perdre le moins.
Quand un chien hésite à rentrer dans l’eau pour récupérer un bâton qui vient d’y être jeter, il y a conflit de motivation entre «rentrer dans un élément qui fait peur / que l’on ne connait pas / …» et «l’envie du bâton».
Quand un chien hésite à revenir vers son propriétaire qui le rappel alors qu’un autre chien arrive, il y a conflit de motivation entre «le propriétaire» et «l’autre chien».
Mais parfois, il n’y a pas d’hésitation. L’une des motivations écrase simplement l’autre. Par exemple si le chien a le choix entre répondre au rappel ou rester dans un environnement très peu attrayant, il n’hésitera pas à revenir. Si le rappel est fait par quelqu’un qui lui fait peur, il n’hésitera pas à ne pas revenir …
Maîtriser ce qui motive le chien, c’est maîtriser le comportement du chien !
Punition, renforcement
Les punitions sont ce qui permet de détruire un comportement. Un comportement punit est voué à disparaître totalement, ce qui n’est pas forcément la meilleure des solutions. Les punitions doivent toujours être employées avec l’idée que le comportement ne peut être que détruit. Le renforcement au contraire permet d’accentuer un comportement.
Il est important d’avoir à l’esprit que tout ce que le chien désire permet le renforcement, que l’humain cherche à renforcer le comportement ou pas. Au contraire, tout ce que le chien ne désire pas détruit le comportement.
On pourrait ramener tout cela à de simples principes de survie. Imaginons, qu’un chien soit face à une énigme, par exemple : il y a un bruit, sous la terre, et il doit trouver une solution pour atteindre ce bruit. S’il la résout, il obtient sa proie et peut manger. Cela contribue à sa survie. Ceci est un renforcement dit positif (positif dans le sens «+», car on ajoute la récompense). Imaginons maintenant qu’il n’y ait aucune solution, le bruit est sous une pierre. S’il tente, sans s’arrêter, il finira par mourir de faim, car il n’obtiendra jamais sa proie. Alors il a tout intérêt à arrêter ce comportement et à apprendre que tenter de creuser une pierre, ça ne sert à rien. Il s’agit là d’une punition négative (négatif dans le sens «-», car on retire ce que le chien désire ou on ne lui permet pas d’obtenir ce qu’il désire).
Imaginons maintenant que le chien ait des parasites. Se gratter soulage, ce qui amène le comportement «se gratter» à se reproduire. Le confort que cela entraîne permet le repos et participe à la survie. C’est du renforcement négatif (négatif dans le sens «-», car le chien perd la sensation désagréable ou douloureuse). Se gratter trop fort apporte plus de mal que de soulagement, ce comportement peut conduire à des blessures, ce qui ne contribue pas à sa survie. Nous sommes donc dans le cas d’une punition positive (positif dans le sens «+», car on ajoute quelque chose pour punir).
Il existe donc deux principes de renforcement (positif et négatif) et deux principes de punitions (positive et négative).
Pour en revenir aux conflits de motivation : La punition positive ou négative demande une répulsion importante, même si nous avons vu qu’elles ne sont pas de la même nature. Le renforcement positif attend une attraction importante. Le renforcement négatif implique une répulsion d’origine qui fait face à une attraction.
Il est conseillé de ne pas mélanger renforcement et punition n’importe comment, car des principes différents voir contraire sont impliqués. Pour obtenir la proie, le chien doit faire preuve de volonté, avoir envie et chercher à recommencer. S’il passait son temps à se piquer dans des champs d’épines, il abandonnerait sa proie, car se blesser est potentiellement très dangereux pour la survie. Ne pas obtenir la proie est frustrant, mais non dangereux (penser au conflit de motivation : il y aura néanmoins un point où se blesser sera moins dangereux que de ne pas se nourrir). Ce type d’éducation que l’on appelle parfois R+P- (renforcement positif, punition négative) implique que le chien essaie, teste, recommence. Au contraire, s’il se gratte trop fort, il vaut mieux qu’il s’arrête, réessayer serait dangereux. Se gratter doucement soulage, tester autre chose amène à perdre le soulagement … Il n’y a donc aucune raison de tester autre chose. Mélanger ces renforcements et ces punitions n’importe comment amène le chien dans un état assez étrange et contre-productif car il ne peut pas tester en toute sérénité.
Timing
Le timing est un élément capital en éducation canine. Il convient d’être très précis sans quoi le mauvais comportement peut être renforcé et s’amplifier ou le bon comportement peut être puni et se voir réduit. Bien des échecs en éducation canin peuvent venir d’erreurs de timing.
Punitions comme renforcements doivent arriver dans les 3 secondes qui suivent le comportement. Ce délai peut être légèrement agrandi, en utilisant un marqueur. Par exemple, l’utilisation d’un clicker permet de montrer au chien très précisément quand il a eu le bon comportement, le temps d’attraper une friandise et de la lui donner … même si la friandise met un peu de temps à arriver, le marqueur aura permis de montrer au chien le bon comportement qu’il a fait. Bien-sûr ce laps de temps reste néanmoins très court …
Une récompense ou une punition qui arrive une minute après le comportement devient trop flou pour être efficace. Sans même parler de mémoire, il y a tout un tas d’élément, petit comme grand, qui peuvent être survenus dans ce laps de temps et qui peuvent induire le chien en erreur.
L’une des erreurs fréquemment commise est d’employer une punition positive de faible intensité avant d’employer une punition négative de grande intensité. Une punition positive est une punition où l’on ajoute quelque chose que le chien ne désire pas, par exemple dire «non» d’une voix ferme n’est pas un contact plaisant. Néanmoins en terme de motivation, nous sommes souvent dans le cas où l’envie de contact est plus forte que la répulsion (le «non» ferme). L’envie de contact gagne, donc cette première punition est sans effet voir contre-productive : le chien obtient le contact, ce qu’il désire, et donc son comportement peut être renforcé. La punition négative qui arrive ensuite, en ignorant totalement le chien par exemple, arrive avec un délai … Pourquoi arrive-t-elle exactement ? Le chien peut la relier au premier comportement, à ce comportement que nous voulions punir ou à toutes les réactions qu’il a eu par la suite. S’il a eu un mouvement de recul, une hésitation, s’il a tenté de communiquer avec vous, peut-être est-ce ce qui est puni ? Alors, peut-être est-ce l’un de ces comportements qui verront leurs intensités réduites.
3D : Distance, Durée, Distraction
L’apprentissage est généralement facile si le chien est près de vous (distance), que le temps est court (durée) et que l’environnement est peu attirant (distraction). Si vous désirez apprendre «assis» à un chien, de loin (distance), qu’il doit tenir la position sans bouger longtemps ou suite à une longue séance d’éducation (durée) et que vous êtes au milieu d’un attroupement avec des nombreux chiens et beaucoup de mouvement (distraction), l’apprentissage sera très compliqué.
Il est important de maîtriser les 3D et de les travailler avec lenteur. Cela permet d’approfondir les exercices. Si votre chien connait parfaitement assis alors que les 3D sont plutôt «faibles», vous pouvez commencer à augmenter l’importance de l’un d’entre eux. Augmentez la durée de la position, sans augmenter la distraction et la distance. Quand chaque «D» a été amplifié séparément, il est alors possible de travailler plusieurs «D» ensembles, mais cela doit être fait avec lenteur et patience.
L’un des apprentissages que l’on fait souvent en oubliant les «3D» et qui est compliqué par cet oubli est l’apprentissage de la marche en laisse. Apprendre à marcher au pied, dans un environnement très distrayant (l’extérieur) et durant une longue période (la durée totale de la promenade), est particulièrement difficile.
Signaux d’apaisement
Les signaux d’apaisement sont un moyen de communication qui permet au chien d’exprimer un problème, même minime et de calmer une situation. Les comprendre, les maîtriser, les voir permet de comprendre certains blocages ou certaines répulsions que ressent le chien.
L’un des exemples les plus parlants est peut-être l’idée de récompenser avec une caresse (renforcement positif), ce qui peut être une bonne idée, à la seule condition, que le chien aime la caresse. Seulement, tous les chiens n’aiment pas ça et certains chiens tentent de calmer la situation à l’aide de signaux d’apaisement quand ils reçoivent ces caresses. La récompense ne peut alors pas avoir l’effet voulu et au contraire, la caresse peut tout à fait être vécue comme une punition positive, détruisant le comportement à renforcer.
Cette vidéo explique parfaitement cela :
Il existe de très nombreux signaux d’apaisement. Les voir, en dehors d’une vidéo avec des pauses est parfois difficile, c’est pourquoi il est intéressant de se filmer et de revoir sa séance d’entrainement dans le calme. Quelques signaux d’apaisements ne sont pas inquiétant, mais ils ne doivent pas être trop nombreux en termes de quantité et de fréquence. Plusieurs signaux rapprochés doivent vous alarmer et vous amener à vous questionner sur ce qui les a produits, car si le chien est en train de communiquer pour calmer la situation, c’est qu’il est mal à l’aise, potentiellement en train d’apprendre une mauvaise chose, mais également qu’il n’est pas en train de réfléchir à l’exercice demandé.
Zone de confort
Chaque individu est entouré des zones imaginaires liés au confort que l’on peut imager comme allant du rouge au vert, en passant par un dégradé d’orange. La zone rouge est une zone intime, la zone verte une zone où n’importe qui peut se trouver. La zone orange est une zone où vous commencer à observer l’élément qui s’approche et au plus il s’approche du rouge, au plus vous chercherez une solution pour sortir de cette situation désagréable. Si l’élément parvient dans la zone rouge, la réaction peut-être «excessive».
Imaginons que vous vous rendiez au cinéma. La salle est vide. Si quelqu’un s’assoit juste à côté de vous, il est possible qu’il pénètre dans une zone dans laquelle il ne devrait pas avoir accès. Vous êtes mal à l’aise et ce mal-être peut se traduire par une simple attitude un peu ronchonne : «il aurait pu s’asseoir plus loin quand même, il y a de la place !» à une attitude d’évitement : «ok, je change de rangée, je serai mieux plus loin». Ces zones ont tendance à se réduire si la salle est sur-bondée. Chez les animaux, on note néanmoins que la surpopulation qui provoque ces zones réduites, entraîne également du stress et sur le long terme, divers problèmes.
Ces zones sont également différentes en fonction des individus ou des éléments qui sont en face de nous. Nous n’avons pas les mêmes zones envers un inconnu, qu’envers un ami, un membre de notre famille ou un conjoint.
En éducation canine, il est important de se rendre compte de ces zones pour éviter d’aller trop loin avec un chien et je pense notamment aux chiots qui peuvent avoir des craintes envers bien des éléments.
Nous avons abordé six points intéressant pour comprendre et manipuler les méthodes d’éducation canine ou corriger les petites erreurs que nous pouvons faire lors de nos séances d’éducations. N’hésitez pas à vous renseigner davantage sur chacun de ces sujets pour aller plus loin.
Rédigé par Céline de Hund beta
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