La dominance et la hiérarchie chez le chien
Voici bientôt 7 ans que je vis dans des groupes de chiens, différents, fluctuants et hétéroclites. Et concernant Vanessa, depuis bien plus longtemps.
Aujourd’hui, rien ne permet de dire que dans un groupe de chiens, une hiérarchie figé existe, tout laisse même penser que ce modèle est complètement fantasmé par certains. Selon certains éthologues et éminents spécialistes, il serait même définitivement dépassé.
Ce qui est en revanche remarquable, est que certains chiens se démarquent des autres dans un domaine, dans une activité. Certains initient le jeu, d’autres s’auto-assignent une tâche de surveillance du territoire, d’autres encore ont tendance à surveiller les ressources, alimentaires en particulier.
S’agit-il de traits de caractère ? D’une utilisation appropriée de certaines compétences ? D’une véritable organisation sociale ? La vérité se situe probablement au milieu de ces trois hypothèses, peut-être une combinaison des trois.
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, une partie des éducateurs basent encore leur « philosophie » et leur « méthodes » sur ce modèle dépassé. Plus grave encore, la plupart de ces professionnels, appliquent des concepts qu’ils ne sont pas en mesure de vérifier, tout simplement parce que leurs propres chiens ne vivent pas avec eux, mais en chenil, parce que ceux d’entre eux qui vivent dans un groupe de chiens conséquent sont très rares, s’ils existent…
En aucun cas un chien n’est « dominant » intrinsèquement, tout simplement car l’idée même de dominance concerne au moins deux chiens, un chien peut éventuellement en dominer un autre, dans une activité. L’idée qu’un chien puisse être le chef absolu d’un groupe me semble déjà être un drôle de fantasme, mais la notion de dominance intrinsèque me rendrait hilare si elle n’engendrait pas autant de dérives dans l’éducation. (Changez ce fameux chien dominant de groupe, et on en reparle).
« L’éducateur que j’ai vu m’a dit que le chien que je viens d’adopter est un dominant, parce qu’il attaque les autres chiens systématiquement, y compris mes deux autres chiens ».
Voici d’emblée une conclusion courante, tout à fait dramatique, parce que si prise au pied de la lettre, n’aura pour conséquence qu’une suite d’incompréhensions, de déséquilibres et d’incohérence dans la vie du chien.
Apprendre à comprendre, à lire, à communiquer, et surtout à interpréter les comportements canins avec une vision canine, réaliste et saine permet d’avancer, baser son éducation sur un fantasme (la plupart du temps masculin d’ailleurs) n’amène qu’à générer des tensions, éventuellement de la violence, mais surtout des résultats particulièrement sournois, on y reviendra si vous le désirez.
Tout ça nous amène à croire en un modèle beaucoup plus collaboratif que hiérarchique.
Rédigé par Raphaël Pin