« Assis-reste »
Si le « assis » est l’enfance de l’art de l’éducation canine (et fait arriver chez moi des bébés- chiens d’à peine 2 mois qui ont déjà ce comportement « par défaut » tant ils ont immédiatement intégré que poser leur popotin sur le sol fait pleuvoir des bonbons), un autre immense classique des terrains d’éducation (et de sport) est le «assis-reste».
…. ou, plutôt, le «assis-reste-reste-reeeeeeeeste-NOON-jédiassis-reste-reste-REEEEESTE » accompagné d’une marche arrière de l’humain à la fois hésitante et se voulant intimidante, puis retour au chien qui s’est levé quand même pour le remettre assis et on recommence toute l’opération douteuse
Quand on ne change rien à sa manière de faire, il est assez logique que les conséquences et le résultat obtenu ne changent pas non plus.
Généralement, on obtient comme résultat un chien complètement confus, intimidé et qui, globalement, trouve toute la chose considérablement désagréable.
Le stress s’évacuant de manière très individuelle, la suite peut donner un chien qui affiche toute une panoplie de comportements de stress mais également un chien qui se met à courir partout, vole les départs et soulage la tension qu’on lui inflige à sa manière.
Si on décortique l’apprentissage du chien, « assis », signifie « pose ton derrière sur le sol » ce que le chien fait assez facilement
Souvent, dès le click, le chien est déjà debout et on récompense en position debout voir avec un chien qui saute déjà comme un cabri démoniaque (« click for behavior, feed for position » nous rappelle Bob Bailey).
A savoir, cliquez le comportement, renforcez en position. Si votre chien a fait 5 comportements depuis votre click au moment où son fessier a touché le sol, c’est passablement inefficace.
Quand le « assis » (ou tout autre comportement d’ailleurs), signifie plus précisément « tu restes assis jusqu’à nouvelle information » – le «reeeeste» devient complètement inutile.
L’information suivante est le signal du comportement suivant (autre position stationnaire, autre comportement, revenir à vous ou signal de libération : fais désormais ce que bon te semble).
Un chien qui grandit avec ce concept « tout comportement dure jusqu’à nouvelle information » sait garder la position face aux distractions, quand des personnes l’approchent, au départ d’une activité ou compétition canine et résout automatiquement le problème du chien qui saute sur tout le monde.
Comment s’y prendre donc ?
Avant toute chose, réfléchissez à ce que sera votre signal de libération (comme déjà dit dans un précédent article, le mien est « okay », à peu près le moins opportun entre tous car trop présent dans le langage courant : toutefois, depuis 2 décennies que je l’utilise, je suis trop conditionnée pour en changer, je vous conseille de vous conditionner à un autre mot, moins usité).
On va débuter par évidemment cliquer dès que le chien pose effectivement son fessier sur le sol et en distribuant la friandise rapidement dans la position : sans JAMAIS oublier de prononcer le mot de libération en incitant le mouvement.
Pour un chien qui meurt d’envie de bouger, le simple fait de bouger (et jouer) est un renforçateur, ceux qui sont plus placides et ne verraient aucun inconvénient à rester assis indéfiniment à recevoir des bonbons, seront motivés par un bonbon jeté un peu plus loin.
On change de position (se déplacer de 2 mètres dans une même pièce ou changer de pièce chez soi est déjà un début de généralisation) et on recommence.
N’oubliez pas que votre click doit « jaillir » comme unique information de l’environnement et que votre main doit donc aller chercher la friandise APRES celui-ci, cela évitera qu’il ne soit complètement focalisé sur votre main déjà installée dans la pochette à friandises (ou finissent tous les neurones du chien).
Le comportement fait apparaître le bonbon et NON LE CONTRAIRE.
Généralisez l’apprentissage : changez d’endroit encore et encore (et encore et encore).
Ne soyez pas pressé d’en voir le bout – plus grande la généralisation, plus solide le comportement ☺ c’est un investissement à long terme que vous faites….
L’important est de véhiculer à votre chien l’information que le comportement se termine par le signal de libération et pas autrement.
Ensuite, vous pourrez commencer à retarder votre « click » : ne progressez pas en durée «linéaire » (c’est-à-dire une durée de plus en plus longue), surprenez votre chien par une durée plus courte quand il est capable d’une durée de comportement nettement plus longue : c’est bon pour le moral ☺
Signal « assis » (durée à déterminer) puis click et distribution du bonbon, ensuite mot de libération.
Quand il sera capable de rester un bon 30 secondes assis dans un bon nombre d’endroits différents, on peut passer à l’étape « distance et distractions».
Pas de protocole gravé dans le marbre : pour mon bébé Border de 2 mois, un bras qui bougeait était déjà une distraction majeure – d’autres seront plus résistants et vous pourrez bouger d’un pas en arrière, latéralement, etc. Adaptez-vous au chien qui est en face de vous de manière à progresser de succès en succès.
Dès le début de votre éloignement, cliquez dès le moment ou vous amorcerez votre retour vers le chien (la friandise doit être distribuée en position bis et tris).
Encore une fois, dès la séance terminée (pas plus de 5 minutes par séance), donnez votre mot de libération (et jouez si le chien aime jouer ou faites les fous tout simplement).
Quand l’éloignement deviendra plus conséquent, revenez vers le chien AVANT de cliquer.
Ajoutez des distractions selon votre chien : pour certains, un autre chien de la famille sera une distraction mineure, pour d’autres une distraction majeure. Idem avec un membre humain de la famille. Le membre humain de la famille peut être silencieux au départ et progressivement, de moins en moins discret
Rappelez-vous que, si vous augmentez la distraction, il vous faudra diminuer la durée et la distance et inversement : vous devez impérativement rester dans une démarche de succès – si votre chien se lève, diminuez vos exigences immédiatement pour revenir à un succès garanti.
Ne vous montrez pas trop pressé : voyez la construction de ce comportement (et du concept même du comportement qui reste une information valable jusqu’à nouvelle information de votre part), comme poser les fondations d’une maison. Monter des murs, sans fondations, ne sert à rien – tout s’écroulera rapidement.
Quand tout sera bien en place et – évidemment – si le comportement « couché » est acquis et déjà sur signal, après le assis, demandez un « couché » ou un « debout » (si celui-ci est acquis également) et, ensuite, libérez le chien (variez vos demandes, sinon vous allez créer une chaîne de comportements).
Si vous faites souvent tomber des friandises, munissez-vous plutôt d’un tube de « pâté » (genre Parfait pour mes lecteurs suisses), cela évitera que le chien ne se lève continuellement pour aller récupérer les friandises au sol.
Ne « soulez » pas le chien : pour certains, cet exercice demande un énorme contrôle de soi et fatigue, surtout chez le chiot, faites des séances courtes.
Cela implique évidemment, que si vous êtes en plein apprentissage du « assis » comme précédemment expliqué, il sera hors de question de demander à votre jeune chien un «assis » alors que courent autour de lui d’autres chiens, enfants ou autres distractions majeures et que tout ceci n’a pas encore été abordé (à l’identique et à plus forte raison avec le « couché », cette position mettant le chien dans une situation psychologiquement plus vulnérable encore).
Ces positions « bétonnées » s’obtiennent sans difficulté quand on les propose avec cohérence et avec une certaine rigueur (le mot rigueur est à comprendre dans son sens d’exactitude, logique et précision et non pas dans son acceptation usuelle et plus commune de « sévérité ».
C’est tout le concept d’une éducation en positif qui est (ou peut être) le contraire du laxisme qu’on lui impute un peu trop souvent.
Un éducateur (et, par « éducateur » j’entends toujours celui qui éduque son chien et pas un « professionnel ») qui travaille en positif peut être d’une rigueur absolue ou d’un laxisme absolu, c’est un choix – y mettre du travail et de la précision est pour moi la concrétisation d’un optimisme exigeant alors que le laxiste est un optimiste permissif…. à chacun de choisir son chemin ☺
Article rédigé par Cynthia Edelman-Rota – MagicClicker