Il n’existe pas de chiot ou de chien « en retard » sur des apprentissage, il n’existe que des humains pressés.
Beaucoup se mettent en tête qu’un chiot ou un chien adulte doit savoir faire de nombreuses choses avant un certain âge ou dans un laps de temps précis. « Quoi ? Ton chiot n’est toujours pas propre ? Mais il a cinq mois déjà ! » « Ton chien aboie toujours sur les gens ? Je pensais que c’était réglé depuis le temps… » « Il saute encore ? Pourtant, il a un an, il serait peut-être temps… » Comme on peut s’y attendre, si certains apprentissages ne sont pas acquis dans une certaine période de temps, la confrontation à la pression sociale est quasiment inévitable. Et cette dernière peut être relativement violente pour celui ou celle qui la subit.
Quelqu’un qui fait de son mieux avec son chien réactif par peur se retrouve à chaque fois mis en échec par le fameux « ce n’est pas assez rapide ». Une autre personne qui sort son chiot tous les jours, autant de fois que possible, ne voit finalement aucun progrès quand elle entend un membre de sa famille lui dire que son chiot « est en retard sur la propreté ». Pourquoi ? Parce que dans l’imaginaire collectif, un chiot devrait être propre à trois mois, qu’un chien adulte ne devrait pas réagir et observer son environnement sans effusion ni de peur ni de joie, un jeune chien ne devrait pas sauter ni ne devrait mordiller. En résumé, un chien ne devrait pas être un chien mais un robot avec une minuterie intégrée sur les apprentissages nécessaires à une vie sereine dans une société humaine.
Pendant longtemps, il a été question de faire croire qu’un chien bien éduqué était un chien qui marchait au pied, qui s’asseyait quand son humain(e) le faisait. Un chien qui ne sautait pas, qui ne creusait pas, qui ne mastiquait pas, qui n’aboyait pas, qui ne grognait pas. Un chien qui alors même qu’il était chiot est devenu propre en deux jours et a appris le « assis », « couché », « donne la patte » et « tourne » en une semaine. Voilà ce qu’était le fameux « chien éduqué ». Les mentalités commencent tout juste à changer à ce propos et petit à petit, on s’aperçoit qu’un chien est tellement plus riche que tout ça.
Ne mettez aucune date limite à vos apprentissages : vous les travaillerez dans tous les cas possiblement tout au long de la vie de votre chien, de sorte à ce que les comportements que vous attendez de lui soient renforcés autant que possible. Ne soyez pas pressé(e), dites-vous qu’il est normal que cela prenne du temps, ce qui serait étonnant c’est que certaines choses n’en prennent pas et selon le chien, certains en prendront plus que les autres.
Si je devais vous donner un exemple, je vous dirais que l’apprentissage d’une langue met des années avant que vous ne soyez totalement à l’aise avec cette dernière. Et dès que vous le laissez de côté, vous allez perdre des réflexes langagiers. C’est la même chose pour votre chien avec les apprentissages que vous faites avec lui : certains d’entre eux prendront quelques jours à peine, d’autres des semaines, pour d’autres encore cela se comptera en mois ou en années. L’apprentissage d’un nouveau comportement dépend de tellement de facteurs : du nombre de fois où il est renforcé, de l’état de santé du chien, de si ses besoins sont comblés ou non, de son âge, du renforcement du comportement précédent, de la valeur du renforcement d’un nouveau comportement, de l’intensité de son émotion, etc.
Votre chien n’est pas comparable à ses congénères, il a son propre rythme d’apprentissage. De la même façon que vous-même avez le vôtre dans différents domaines.
Il n’existe pas de chiot ou de chien « en retard » sur des apprentissages, il n’existe que des humains pressés.
Article rédigé par Nicoline Droogmans de Toutougether à retrouver sur : https://www.facebook.com/toutougether/