Le choix ? … Quand ça ?

Dépendre : « Ne pouvoir se réaliser sans l’action ou l’intervention de (une personne, une chose), être fonction de. / Être sous l’autorité de. »
Nos chiens dépendent de nous. Ils ne peuvent être pleinement ce qu’ils sont sans notre intervention. Chaque jour, chaque minute qui passe, ils dépendent de nos décisions et de nos choix. Ils sont dépendants de notre perception du monde, du lieu dans lequel ils vivent, de nos horaires, de nos contraintes et de nos limites. Ils sont contraints de se plier à nos choix concernant tous les aspects de leur quotidien : Quelle nourriture manger, quel harnais porter, quelles balades faire, sur quelle durée, à quelle heure du jour ou de la nuit, quel jouet avoir, où dormir et à quelle heure. Nous allons jusqu’à contrôler ce qui fait d’eux des chiens : leur reproduction, leur prédation, leurs interactions sociales, s’ils ont le droit de se rouler dans des charognes ou manger des déchets, s’ils peuvent creuser ou se baigner.

Nos chiens ont peu d’espaces de choix. Pourtant, le choix fait partie de la construction de l’individu. Il l’autonomise, lui permet de prendre conscience des conséquences de ses actions, lui donne confiance en lui, confiance en l’Autre, permet d’être force de proposition et forge la résilience et l’adaptabilité. Avoir le choix, être autonome, c’est être mieux préparé pour faire face aux changements, c’est faire confiance à l’Autre lorsqu’il nous demande de suivre sans poser de questions, car nous savons que lorsque nous aurons la place de choisir, notre guide nous la donnera. Avoir le choix, c’est mieux vivre les moments où on ne l’a pas.
Redonnons à nos chiens la place de nous faire confiance. 🤝

Choisissons consciemment de casser les codes et d’ouvrir dans notre quotidien des espaces de choix, de questionnement et de réflexion pour nos chiens. Nous pouvons leur proposer ces espaces dans bien des aspects de notre vie quotidienne. Choisir de leur laisser la place, c’est choisir de les considérer à leur juste valeur, mais aussi accepter les conséquences de leurs refus. Leur laisser le choix, c’est accepter leurs « non, je ne veux pas » et proposer autre chose, aborder différemment, ou choisir de cesser l’interaction.
Si nous proposons au chien de l’écouter, écoutons-le vraiment. 👂

Le contact avec nos chiens est parfois imposé, volontairement ou non. Pourtant, même lors de ces moments, nous avons la possibilité de leur demander s’ils sont en accord avec notre proposition.
Pendant les caresses, nous avons la possibilité de cesser l’interaction de temps en temps pour leur demander s’ils acceptent ce contact. Si le chien souhaite que l’interaction continue, il nous demandera de la continuer à sa façon : appui vers la main, coup de patte, coup de nez sur la main… La vidéo suivante est d’une clarté limpide pour mieux comprendre ce dialogue mutuel.

 

Notre chien peut choisir d’être à nos côtés sans pour autant demander du contact ! 🙊

Les soins médicaux constituent également des moments importants et inévitables dans le quotidien de notre chien. Pourtant, malgré les apparences, nous n’avons pas qu’une seule issue. Nous avons la possibilité de proposer le soin plutôt que l’imposer, et rien ne nous oblige à faire un bras de fer avec Kiki qui se débat du haut de ses 45kg. Une autre voie est possible, à travers le medical training et l’apprentissage du consentement qui y est lié. Pour vous former de façon complète, pédagogique et adaptée grâce à une formation à distance, je vous recommande chaudement la formation de Medical Training proposée par Iris Castaing sur la plateforme Muzo +



Au sein de ses vidéos et de sa formation, vous trouverez un programme complet, détaillé et pédagogue, au cheminement progressif. N’hésitez pas !

Les jeux avec/de votre chien permettent également de bien des manières de lui offrir le choix. Voici quelques pistes que je vous propose pour laisser à votre chien la place de choisir :
Lui proposer de choisir entre deux jouets, chacun placé dans une main. Ne lui dites rien, ne le poussez à rien, contentez vous de lui proposer. Laissez-lui prendre celui qu’il souhaite, et rangez immédiatement l’autre. Les premières fois, il se peut qu’il hésite, voire change d’avis en vous voyant ranger le second. S’il change d’avis, il a le droit, dans ce cas, proposez-lui à nouveau de choisir. S’il se refuse à en choisir un, ou se met en tension à l’idée de n’avoir qu’un jouet sur les deux, donnez-lui les deux.

L’idée n’est absolument pas de le mettre en tension ou de le faire travailler, mais de lui laisser le choix. Nous pourrions avoir tendance à considérer que seuls deux choix s’offrent à lui : Prendre celui de la main gauche ou prendre celui de la main droite. Or, il a quatre choix : Celui de gauche, celui de droite, les deux ou aucun des deux. Si votre chien, en voyant vos deux jouets, s’en va et les laisse dans votre main, alors rangez-les, il a choisi de ne pas les prendre. (En soi, un cinquième choix peut s’offrir à lui, il peut, si les jouets sont à portée de truffe, demander à avoir un autre jouet qu’un des deux présentés !)

Lui laisser la place de proposer un jeu et d’y mettre fin. Certaines idées reçues aberrantes expriment que l’humain doit toujours être à l’initiative de l’interaction & doit également y mettre fin. Or, le chien peut tout à fait être force de proposition et choisir consciemment de cesser une interaction. S’il vous propose de jouer, acceptez de le faire, et s’il en a marre, acceptez qu’il ne veuille plus jouer sans chercher à le pousser à revenir. Vous constaterez que, repu de contact, votre chien sera beaucoup moins enclin à vous en quémander à tout va que s’il était en frustration permanente.

Ne pas se précipiter pour l’aider lorsqu’il bloque son jouet sous un meuble (en dehors de tout risque de se mettre en danger). En effet, vous lui offrez également le choix : Il peut choisir d’essayer de le débloquer seul, d’abandonner son effort, ou de vous appeler à l’aide pour le sortir de là.

S’il vous appelle à l’aide, tâchez, autant que possible, de voler à son secours. A travers cette interaction toute bête, vous apprenez à votre chien que lorsqu’il a un problème, vous êtes là pour lui. Vous devenez, à cause d’une fichue balle de tennis coincée sous la TV, un guide rassurant en qui avoir confiance ! Cet apprentissage quant à vos réactions lorsqu’il est confronté à un problème renforcera solidement votre confiance mutuelle. Vous pouvez, les premières fois, venir au bout de quelques minutes et lui proposer « tu as besoin d’aide ? » et débloquer son jouet.

Les balades constituent également des moments de premier choix pour que le chien devienne force de proposition. A travers ces instants passés dehors, vous pouvez radicalement changer votre posture pour vous placer tel un.e guide & non pas un.e chef.fe. Voici quelques propositions :
Proposez-lui de venir se faire attacher. Ne le prenez jamais en traître. En lui demandant de venir, en lui expliquant pourquoi, vous devenez un guide, vous lui exprimez clairement vos intentions. Ici, le chien, sachant parfaitement ce qui l’attend, aura le choix de venir vous rejoindre ou non, il vous appartiendra d’être suffisamment stimulant et positif pour qu’il accepte de se faire attacher.

Le prévenir c’est, de fait, ne plus se donner le luxe de pouvoir le trahir.

Cette vidéo de Connexion Canine vous montre en image l’aboutissement de ce travail.


Laissez-lui le choix de l’itinéraire. Lorsque vous en avez la possibilité, proposez à votre chien de choisir son chemin. Vous pouvez le faire tout en associant cette proposition à des expressions « je te suis ? » / « avec moi ? » ou choisir de le faire par votre posture, en silence.

Un jour où vous avez du temps devant vous, dans un lieu sans risques pour votre chien (l’idéal étant un lieu empli de petits sentiers), lâchez votre chien (sauf problématique vous en empêchant : pas de rappel, chien réactif, période de chasse ou de reproduction des animaux sauvages… etc.). Lorsque celui-ci choisira un sentier, quel qu’il soit, suivez-le : soit en silence, soit en lui exprimant verbalement « je te suis ? ». Au carrefour suivant, s’il hésite entre deux sentiers, restez derrière lui et attendez, en silence. Laissez-le réfléchir et choisir. Si vous avez contrôlé votre chien jusqu’à présent, il est possible qu’il ne choisisse pas, voire s’assied en vous regardant. Dans ce cas, faites un pas vers le carrefour, et s’il se lève et va sur un sentier, quel qu’il soit, félicitez-le doucement et suivez-le, le tout accompagné (ou non) de votre expression verbale « je te suis ? ». Au bout de plusieurs carrefours, choisissez à l’avance un sentier au carrefour suivant et allez dessus (si possible, pas celui qui ramène à la maison, afin qu’il évite de se dire que vous lui demandez de le suivre pour cesser la balade). Soit en silence, soit en lui exprimant verbalement « avec moi ? ». Félicitez-le doucement de vous suivre, et continuez votre balade en silence. Ainsi, au fil du temps, votre chien saura qu’il a le choix, parfois, de son parcours de balade.

Nos chiens sont beaucoup plus intelligents que ce qu’on veut bien leur accorder. Au fil des balades, il saura que tel sentier mène à une longue balade et tel autre à une balade courte. Lorsque vous lui donnerez le choix, il pourra choisir consciemment de prendre tel ou tel sentier, selon son état du moment. C’est ainsi que Vulcain, lorsqu’il est très énervé, va choisir la balade longue pour galoper ; lorsqu’il a chaud, choisir le sentier qui mène à la rivière ; et lorsqu’il est fatigué, choisir le sentier menant à une petite balade.

Offrez à votre chien le choix, vous verrez qu’il a bien plus conscience de son environnement que ce que l’on croit. 🏞

Lors de rencontres canines, si votre chien cherche à fuir l’interaction ou ne souhaite pas entrer en contact avec le congénère en face, ne le forcez pas ! Votre chien doit avoir le choix, aussi, des individus avec lesquels il entre en contact. Au même titre que vous n’avez pas envie de vous coltiner votre collègue raciste ou votre tonton agressif, votre chien a le droit de ne pas vouloir traîner avec Peluche, la brute du quartier ou Poli, un chien qui ne porte décidément pas bien son nom. En le forçant, vous lui expliquez clairement qu’il n’a pas le choix. C’est ainsi que l’on crée des chiens réactifs à la pelle, en les poussant à côtoyer des congénères dont ils se seraient bien passés. A l’inverse, en suivant sa proposition, vous lui montrez qu’il est maître de ses émotions et que vous êtes à l’écoute de ses ressentis. On ne devrait jamais forcer nos chiens à entrer en contact s’ils le refusent, au même titre qu’on ne devrait jamais forcer nos enfants à grands coups de « allez, vas faire un bisou, allez, un bisou, dépêche toi maintenant », jamais, quoi qu’on en dise, que tata Renée soit vexée ou non. 😉

Nous sommes responsables des êtres que nous avons sous notre garde & protection ! 👼

Nous pouvons également proposer à notre chien de choisir vis-à-vis de son alimentation.

Entre plusieurs types de récompenses, laissez-le choisir. Si vous devez travailler le rappel ou tout autre exercice, prenez le temps de demander à votre chien quelle récompense lui convient le plus. Si sa récompense est une récompense alimentaire, lui proposer est un exercice simple :
Prenez dans votre main une récompense de faible valeur (croquette) et dans l’autre main une récompense de forte valeur (saucisson à l’ail, viande…). Fermez les poings pour le laisser sentir. Vous verrez que son choix sera plutôt rapide. La main qu’il renifle avec plus de vigueur, celle qu’il cherche à ouvrir, considérez qu’elle contient la récompense qu’il a choisi. Donnez-lui cette récompense immédiatement en ouvrant la main. Faites cet exercice avec toutes sortes de récompenses, proposées deux par deux, afin de savoir ce qui l’attire le plus (en veillant tout de même à lui proposer des aliments adaptés à son organisme. Même s’il aime le chocolat, c’est une très mauvaise idée que de lui proposer !) 🍗 N’hésitez pas à vous laver les mains entre chaque, le chien vivant dans un monde d’odeurs, retirer les particules odorantes de la récompense précédente l’aidera à faire son choix.

Si vous achetez plusieurs récompenses, laissez-lui choisir celle qui lui fait envie. Même si entre deux oreilles de porc ou deux bois de cerf, la différence est mince, lui offrir le choix est tout aussi gratifiant que lorsque, face à plusieurs petits gâteaux, on vous laisse choisir celui qui vous plaît le plus. Pragmatiquement parlant, ce sont les mêmes, mais il y en a toujours un qui nous fait de l’œil un peu plus fort que les autres ! Lui laisser la possibilité de choisir entre les deux ne nous coûte absolument rien, mais lui offre un tout petit espace de choix supplémentaire.

Si votre chien est nourri au BARF ou au prey model, offrez-lui le choix de ses viandes. Si votre chien déteste sous toutes les coutures les cuisses de canard, est-ce nécessaire de lui imposer ? Comme pour le choix de récompenses, vous pouvez tenir dans une main une cuisse de poulet, dans l’autre une cuisse de canard. Laissez-le sentir et voyez laquelle il choisit. En dehors de tout aliment strictement nécessaire à l’équilibre de sa ration, si décidément, seuls les rognons de porc ne passent pas alors que tous les abats sans exception passent, doit-on vraiment lui imposer ? Je vous laisse répondre à cette question selon vos aspirations, ceci reste une simple proposition. 😁

Si votre chien est nourri aux croquettes mais ne les aime pas, pourquoi ne pas lui laisser choisir ? De nombreuses marques proposent de tout petits sachets pour découvrir, vous permettant de lui laisser la possibilité de choisir son alimentation. Certains chiens vont jusqu’à cesser de manger s’ils n’aiment pas leur ration. Plutôt que d’y voir un caprice, ne pourrions-nous pas nous demander comment nous réagirions si nous devions manger des petite billes toutes sèches au goût uniforme toute notre vie ? Contrairement à ce que l’on peut croire, les chiens ont le sens du goût, il n’y a qu’à voir les grimaces écœurées qu’ils font en avalant un médicament… 🤢

Attention aux marques de mauvaise qualité, gavées d’arômes et d’additifs. Elles sont artificiellement attractives pour nos chiens comme certains fast foods peuvent l’être pour nous, ce n’est pas pour autant que c’est bon pour eux ! 😢 Choisissez des croquettes sans céréales, de qualité. 🙂

La maison est le lieu où le chien passe généralement le plus clair de son temps. Il me semble être la moindre des choses que de lui offrir des espaces de choix au sein de ce domicile qui est aussi le sien.

Proposez-lui plusieurs lieux de couchage. Nous aimons lire sur notre fauteuil, faire une sieste sur le canapé, dormir dans le lit et bronzer dans l’herbe. Le chien a des préférences de couchage lui aussi. Il peut aimer se coucher avec vous sur le canapé pendant un bon film ; vous regarder préparer à manger, couché sous la table de la cuisine ; dormir avec vous dans la chambre, sur un tapis, contre le lit ou à vos pieds ; prendre le soleil, affalé dans l’herbe comme un steak sur le grill. Plusieurs options s’offrent à vous pour lui offrir du choix :
Les beaux jours, s’il aime être dehors, pourquoi ne pas laisser la porte menant sur le jardin ouverte ? Ainsi, il peut aller se mettre au soleil s’il le veut, revenir boire à la maison ou s’allonger au frais sur le carrelage.

Offrez-lui au moins deux espaces de couchage si vous en avez la possibilité. Vulcain a un matelas dans notre chambre, un matelas dans la cuisine, et l’accès illimité au canapé, au fauteuil et au lit. Il choisit consciemment où il veut se reposer, il en a le droit.

N’hésitez pas à bouger les couchages si vous constatez que votre chien ne va pas dessus. Peut-être est-il dans un courant d’air, dans l’obscurité, loin de vos activités, ou tout simplement pas adapté. Certains chiens ont besoin de plus de confort que d’autres. N’hésitez pas à rechercher d’occasion des matelas pour bébé, ils sont très moelleux, se déforment peu et coûtent généralement moins cher que des matelas spécialisés pour chien qui sont rarement réellement confortables, et puis, ça fera un déchet en moins !

S’il vous demande d’avoir une interaction, pourquoi pas accepter sa proposition ? Vous pouvez faire une petite pause dans votre travail pour aller jouer un peu dans le jardin, faire un câlin-canapé ou faire un peu de medical training ensemble. Accepter ses propositions, c’est aussi lui exprimer qu’il peut en avoir, et développer sa capacité à être force de proposition.

S’il vous demande à sortir pour faire ses besoins, ne le faites pas attendre. Vous vous êtes déjà retrouvés à sautiller sur place parce que vous aviez une envie pressante ? Ca n’était pas marrant ? Ca ne l’est pas plus pour votre chien. Votre chien dépend de vous, même pour une nécessité aussi importante que de faire ses besoins, sortez-le au plus vite ! C’est non seulement la base de l’éthique, mais aussi la possibilité pour lui de constater, à nouveau, que quand il vous exprime un besoin, vous êtes à son écoute.

Cet article résume un ensemble de propositions qui doivent être faites en toute conscience. Donner du choix au chien, oui, le plus possible, mais toujours dans un cadre sécurisé. Si votre chien choisit de manger les déchets de la rue, traverser la route, courir après les piétons ou d’arracher une cuisse à un mouton, ce ne sont décidément pas de bons choix, il est de notre devoir de gardien.ne.s d’accompagner nos chiens vers plus d’autonomie mais toujours dans des rails sécurisants pour sa sécurité et celle de son environnement.

J’espère que cet article vous offrira des pistes intéressantes pour commencer à proposer à notre chien plutôt qu’imposer. Je pourrais vous en écrire encore dix pages, mais pour épargner vos yeux, je vais tâcher de m’arrêter là. N’hésitez pas à mentionner en commentaire vos façons de lui donner le choix !
Belle journée !


Rédigé par Céline Herrant – Aura à retrouver sur :
dogspirit
Dogspirit Education Canine Comportementaliste 06.23.62.50.40 Montpellier et environs Tatjana Cerabona - Educateur canin, spécialiste de la relation Homme-Chien

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