Les différentes méthodes d’entraînement canin
Un peu d’histoire sur les méthodes de dressage de chiens traditionnelles
Les méthodes d’éducation canine traditionnelles sont basées sur l’ancienne approche employée par l’armée. S’appuyant sur la théorie de la hiérarchie et de la dominance qui propose une approche très punitive, ces méthodes ne tiennent malheureusement pas compte de la sensibilité de chaque animal, des dernières découvertes scientifiques et des besoins de nos chiens qui sont destinés à être des compagnons de vie.
Lorsque les guerres ont cessé, les anciens militaires responsables de l’entraînement de la gent canine ont commencé à offrir des cours au grand public. Collier étrangleur, électriques et à piques sont le vestige de cette formule pédagogique dépassée.
Toutefois, ce n’est pas l’armée ni même les personnes qui utilisaient ces techniques qui sont à blâmer, c’est plutôt la société qui priorisait l’éducation basée sur la répression.
Les méthodes éducatives utilisées pour enseigner et réhabiliter les humains ont changé, et celles destinées aux chiens aussi. Les sciences sociales nous ont permis de comprendre que prévention et éducation sont de bien meilleurs outils que peur, soumission et punition.
L’efficacité de l’éducation en renforcement positif
Il y a deux raisons pour lesquelles un chien produit un comportement : parce qu’il sera récompensé s’il obtempère, ou puni si ce n’est pas le cas.
Apprendre sans erreurs en utilisant des techniques amicales, c’est possible… et beaucoup plus efficace! À maintes reprises, les recherches scientifiques ont démontré – tant sur des animaux que sur des humains – des rendements exceptionnels quant à l’utilisation des méthodes positives et progressives d’apprentissage.
Les points forts de l’éducation positive *
- Réduit au minimum le nombre d’erreurs pendant l’apprentissage
- Diminue le temps consacré à l’apprentissage d’une compétence
- Réduit les erreurs futures, car elles n’ont jamais été pratiquées
- Créé moins de frustration, de stress et d’agressivité
- N’éteint pas certains comportements qui pourraient être désirables
- Ne créé pas une réaction émotionnelle conditionnée liée à la punition de n’importe quelle partie du comportement ou de la tâche
- Ne créé pas une réaction émotionnelle associé à la punition par rapport à l’entraîneur ou au lieu d’entraînement
Vous connaissez probablement les méthodes de psychologie positive qui déclarent, études à l’appui, que se concentrer sur nos points forts nous pousse davantage vers le succès et la réussite que le contraire. Faisons-en profiter Pitou, qui après tout, ne demande qu’à apprendre et à être guidé!
Pour une relation humain-chien riche où tous s’épanouissent
En nous basant sur une approche moderne et amicale pour éduquer nos animaux, nous leur permettons d’atteindre et d’exploiter tout le potentiel qu’ils ont à nous offrir. Hautement motivé par ces méthodes d’apprentissage respectueuses, l’individu canin en vient à toujours vouloir nous donner davantage : notre présence devient en elle-même une puissante gratification.
Les approches basées sur la punition, la domination et l’intimidation ne font que créer des tensions inutiles qui peuvent mener jusqu’à l’abandon… Ou l’euthanasie!
La hiérarchie et le principe de meute chez les loups et les chiens
Cette théorie que tous ont longtemps considérée d’une exactitude indiscutable est en fait… Très discutable!
Émise à la fin des années soixante par David Mech en ce qui concerne le loup Alpha serait erronée, son auteur lui-même l’aurait réfutée!
De plus les chiens proviendraient de plusieurs espèces de canidés différentes (et plus ou moins sociables!) ayant côtoyé les hommes au cours des derniers millénaires. Les loups ne seraient donc par leurs seuls ancêtres.
Pour poursuivre, il est insensé de penser que le comportement actuel d’un animal puisse être défini avec exactitude par celui d’une espèce voisine : avons-nous des interactions sociales semblables à celles des bonobos ou des chimpanzés?
La hiérarchie existe
Elle est contextuelle et situationnelle : elle est en constante mouvance et dépend de l’environnement, des enjeux et des individus en interaction. Un chien prendra le dessus sur un autre en fonction de ses préférences et de ses motivations. Il faut cependant comprendre que tous les chiens ont des préférences et des limites différentes, ce qui fait en sorte qu’un individu puisse être « dominant » dans un cas et « soumis » dans l’autre.
Alexandra HOROWITZ, Docteure en sciences cognitives, est enseignante et chercheuse au département de psychologie animale du Barnard College de New York.
Voici quelques extraits de son livre « Dans la peau d’un chien » :
« Principes de dressage et études scientifiques sont en désaccord. Les dresseurs sont nombreux à fonder leur rapport aux chiens sur une analogie avec le loup. Les scientifiques connaissent mal le comportement naturel du loup, et le peu qu’ils en savent contredit bien souvent les fondements de cette analogie. »
« L’analogie avec l’organisation de la meute garde un grand attrait pour beaucoup, surtout si l’homme est placé dans le rôle du dominant. »
« La notion de meute nous offre un cadre confortable quand nous hésitons sur la façon de gérer une présence canine. »
« Dans la nature, les meutes ne regroupent pratiquement que des individus apparentés : ce sont des familles, pas des groupes de semblables rivalisant pour la place de dominant. »
L’acte punitif ou « comment se tirer dans le pied »
L’humain, aveuglé par la promesse fallacieuse qu’être le « chef de meute » de son chien lui apportera respect et obéissance, se permet d’utiliser différentes formes d’intimidation physique et psychologique.
Lorsque l’évidence que la théorie de la hiérarchie est incohérente nous saute en plein visage, il devient difficile de justifier les sévices émotionnels et corporels infligés à nos animaux pour mieux être obéis.
Les inconvénients reliés à cette forme d’éducation ne sont pas à prendre à la légère :
- Risque d’agression plus élevé puisque le niveau de stress, les besoins et les signaux d’apaisements ne sont pas respectés
- Séquelles émotionnelles parfois irréversibles (voir état de détresse acquise)
- Relation homme-chien tendue puisque basée sur la confrontation
Pourquoi certains dresseurs de chiens utilisent-ils encore des méthodes punitives?
La plupart des entraîneurs travaillant avec des méthodes éducatives traditionnelles sont pour la plupart mal informés :
- Certains éducateurs travaillent depuis de nombreuses années dans le monde canin, mais n’ont toutefois pas mis à jour les informations, les techniques et les théories sur lesquelles les cours dispensés sont basés.
- Les écoles de dressage offrant des formations de maître-chien (ou d’éducateur canin) forment de nouvelles générations de « spécialistes » en comportement canin qui transmettent par la suite eux-mêmes ces informations erronées à leurs clients
Des facteurs humains limitant l’utilisation de méthodes d’entraînement actuelles
Il est bien difficile de changer des habitudes, des perceptions et des mentalités…
La dissonance cognitive : « Lorsque les circonstances amènent une personne à agir en désaccord avec ses croyances, cette personne éprouvera un état de tension inconfortable appelé dissonance, qui, par la suite, tendra à être réduit, par exemple par une modification de ses croyances dans le sens de l’acte. » **
Par exemple :
- Les personnes qui vendent des armes pensent bien souvent que leur produit sert à protéger (et non attaquer, tuer)
- Celles qui représentent des compagnies tabatières prônent le libre-choix de chacun (alors que la nicotine est une dépendance)
- Et, dans le cas des éducateurs utilisant des méthodes aversives, la punition sera utilisée pour « se faire respecter » et « pour apprendre au chien à… » (alors que le chien apprend en réalité à craindre et que ses compétences cognitives en deviennent grandement diminuées)
L’utilisation de « biais de confirmation » : Lorsque nous avons une opinion sur un sujet, nous sommes tentés de consulter des publications, des avis ou des films allant dans le sens de nos idées… Ce qui a comme fâcheuse conséquence de nous aveugler par rapport aux idées divergentes des nôtres.
Expliquer l’inexplicable : Le recours à des croyances pour comprendre le monde qui nous entoure est universel. Toutefois, il est important d’être apte à rationaliser lorsque des données scientifiques viennent nous apporter davantage de cohérence et d’informations.
De plus en plus d’éducateurs canins favorisent l’apprentissage par la motivation par souci d’efficacité et d’éthique. Loin d’être une simple mode, cette façon de s’engager pour le bien-être canin est la résultante d’années de recherches scientifiques.
Entraîner son chien dans le respect avec des méthodes agréables est loin d’être une forme de permissivité : prévenir les comportements indésirables et entraîner chacun des comportements que nous désirons demande énormément de rigueur et de constance.
À vos marques, prêts… récompensez!
*Traduit du manifeste d’Emily Larlham — Dogmantics
**Citation tirée du site psychologie-social
http://www.demaindemaitre.ca/comment-dresser-mon-chien-methodes/