Utiliser les déplacements pour communiquer avec son chien.
Tout le monde connaît désormais les fameux signaux d’apaisement (merci Turid Rugaas qui a grandement contribué à les populariser) dont on entend parler à tort et à travers, qui sont plus ou moins bien interprétés et qu’il peut être utile d’employer dans certaines situations pour apaiser un chien (pas toujours -quelquefois l’animal nous regarde bailler avec l’air de nous prendre pour un sombre idiot- mais au moins, on tente).
S’il s’agit d’une grande avancée en matière de bien-être animal que de s’intéresser à ces signaux, il faut savoir qu’il n’y a pas qu’eux, dans la vie. Les chiens utilisent majoritairement leur sens olfactif et visuel pour communiquer. Nous, humains, employons beaucoup le langage verbal, mais nous avons en commun avec le chien de laisser une place énorme au non-verbal dans notre façon de nous exprimer. Chez les chiens, c’est encore plus flagrant : le moindre mouvement du corps a sa signification, qu’elle soit intentionnelle ou non, et pour faire passer un message à son compagnon (un message simple, il ne s’agit pas non plus de discuter conflit israélo-palestinien avec Toutou), on peut facilement utiliser certains déplacements.
Parlons tout d’abord du rappel. Quand un humain rappelle son chien, il est extrêmement courant que son langage verbal et sa communication non-verbale s’opposent lorsqu’il donne sa consigne. Je vois souvent des propriétaires rappeler leur chien d’une voix enthousiaste, mais en restant totalement immobiles. Le chien privilégiant toujours la gestuelle à la parole, il va presque toujours se passer la chose suivante : l’animal va lever le nez vers son humain en entendant son nom, le regarder avec plus ou moins d’intérêt… et reprendre l’activité à laquelle il était occupé, au grand damn de son maître qui ne comprend pas bien ce qui pèche dans son enseignement. Le chien est un être de mouvement : quand vous le rappelez, bougez ! Si vous employez une intonation motivante pour encourager votre chien à revenir mais que tout votre corps, par son immobilité, crie le contraire, vous pouvez être quasiment certain que votre rappel ne fonctionnera pas. Essayez de prendre l’habitude de reculer pour aspirer votre chien vers vous lorsque vous le rappelez, ou partez dans une direction opposée. À savoir aussi que le chien voit mal de loin, à moins que sa cible soit en mouvement. Quand l’un de mes chiens se trouve un peu loin de moi au moment où je le rappelle, je n’hésite pas à bouger un bras de haut en bas pour l’inciter à revenir. Si je reste immobile, je cours le risque qu’il me regarde, perplexe, l’air de se demander : « J’ai cru entendre qu’elle m’appelait, mais j’ai des doutes… est-ce que ça vaut le coup d’arrêter de renifler ce super pipi pour revenir vers elle ? »…
De même, une autre erreur courante consiste à se dépêcher d’attraper son chien pour le remettre en laisse quand on aperçoit un congénère un peu plus loin. Bien souvent, notre compagnon, qui s’était arrêté pour observer de loin les intentions de l’autre toutou et nous voyant débouler dans son champ de vision, va alors s’avancer vers son congénère, ce que nous voulions justement éviter. Pourtant, nous venons de lui en donner l’autorisation tacite en nous dirigeant dans la même direction que lui, c’est à dire vers l’autre chien… Il aurait été plus judicieux d’appeler tranquillement son chien tout en faisant demi-tour ou en changeant de direction si nous voulions éviter la rencontre.
Nos déplacements influencent aussi beaucoup le comportement des chiens que nous croisons. Se diriger en ligne droite sur un chien est souvent perçu comme offensif. Se placer de trois-quarts, ou de dos en présence d’un chien qui a peur est rassurant pour l’animal. Un individu de dos fait moins peur, c’est un langage universel. Je l’ai déjà employé avec un cheval particulièrement farouche : je me suis assise par terre, dos à lui, et je n’ai pas tardé à sentir son souffle chaud dans mes cheveux (je ne suis absolument pas spécialiste des chevaux… c’est ma collègue Briegenn qui en est experte ! Mais beaucoup de mammifères s’approchent de nous avec beaucoup plus de facilité si nous leur tournons le dos). Avec un chien un peu trop amical, au contraire, se placer de côté lorsqu’il arrive comme un fou pour nous sauter dessus permet de désamorcer son excitation.
Une communication efficace avec son chien passe d’abord par des besoins comblés. Un chien qui ne sort qu’une ou deux fois par semaine sera tellement excité en promenade qu’il ne sera probablement pas attentif à vos demandes de rappels, même si vous adoptez les déplacements adéquats. Un chien qui reste seul dix heures par jour sera trop excité de vous retrouver pour être capable de se retenir de vous sauter dessus, même si vous vous placez de trois-quarts ou de dos. Encore une fois, l’empathie, c’est à dire la « faculté intuitive de se mettre à la place d’autrui, de percevoir ce qu’il ressent. » (c’est pas moi qui l’ai dit, c’est le Larousse), est la clé d’une relation réussie. Sans empathie, on ne peut pas combler correctement les besoins de son chien (et la majorité de nos canidés n’ont malheureusement pas une vie épanouie), et il est alors impensable d’espérer pouvoir communiquer efficacement avec son compagnon. La bonne nouvelle ? Il n’est jamais trop tard pour s’améliorer. Offrez davantage de votre temps à votre chien, imaginez comment il appréhende telle ou telle situation, cessez d’imaginer qu’il vous « désobéit » pour vous contrarier, et votre relation s’en trouvera nécessairement améliorée. La qualité de votre communication inter-espèces gagnera en richesse… et c’est tout ce que je vous souhaite de plus beau avec votre chien. Vous verrez combien il a de choses passionnantes à vous dire, et combien vous pouvez lui en dire en retour !
Rédigé par Elsa Weiss de Cynopolis, à retrouver sur : https://www.facebook.com/Cynopolis-105161501176456/