Ave (super) Cesar !
Cesar Millan, le « Dog Whisperer » bénéficie incontestablement d’une grande popularité et d’un succès commercial certain, pourtant, ses méthodes s’appuyant sur la menace et la dominance sont très controversées dans le monde de l’éducation canine et parmi les propriétaires de chiens. Les méthodes utilisées par Cesar Millan constituent un sujet très sensible et houleux qui déchaîne les passions et divise éducateurs et propriétaires de chiens. Les avis sur Cesar Millan sont généralement très tranchés et une discussion sur ce sujet génère bien souvent des conflits entre partisans et détracteurs de Cesar Millan. Cet article a été écrit pour parler de la science appliquée du comportement animal et permettre de comprendre pourquoi ce sujet divise tant.
Suite à la popularité de nos deux premiers articles concernant l’émission de Cesar Millan « Super César » diffusée actuellement sur la chaîne « Nat Geo Wild« , nous avions décidé d’écrire un article plus complet sur les méthodes archaïques utilisées par ce pseudo-éducateur. En faisant nos recherches nous sommes tombés sur le blog de Prescott Breeden, PDG de The Pawsitive Packleader, Inc. et président et co-fondateur du SPARCS (Society for the Promotion of Applied Research in Canine Science), qui propose un article documenté de très haute qualité que l’on aurait été incapable d’écrire nous-même. C’est pourquoi nous avons demandé l’autorisation pour en faire une traduction libre. Ave Cesar, bienvenue au 21e siècle !
Cesar Millan, le « Dog Whisperer » bénéficie incontestablement d’une grande popularité et d’un succès commercial certain, pourtant, ses méthodes s’appuyant sur la menace et la dominance sont très controversées dans le monde de l’éducation canine et parmi les propriétaires de chiens. Les méthodes utilisées par Cesar Millan constituent un sujet très sensible et houleux qui déchaîne les passions et divise éducateurs et propriétaires de chiens. Les avis sur Cesar Millan sont généralement très tranchés et une discussion sur ce sujet génère bien souvent des conflits entre partisans et détracteurs de Cesar Millan. Cet article a été écrit pour parler de la science appliquée du comportement animal et permettre de comprendre pourquoi ce sujet divise tant.
Feuille de route
Cet essai paraîtra atypique pour un lecteur occasionnel dans la mesure où il n’est pas conçu pour la lecture occasionnelle. En raison de la nature même du sujet et la pléthore d’essais qui ont précédé, la science est ici présentée sous un jour quelque peu inhabituel. Il semble que l’une des raisons pour lesquelles il y a tant de conflits sur le sujet de la dominance et de l’éducation canine est que celui-ci est généralement relayé à un niveau secondaire, croyant peut être que le lecteur moyen n’est pas assez instruit pour s’y intéresser. Le problème avec ce genre de discussions peu approfondies est qu’elles appellent alors des contre-arguments légers qui ne trouvent habituellement aucun appui dans la littérature académique, la conversation devient alors stérile, chacun accusant l’autre d’avoir tort sans apporter aucun argument convaincant. Mais si l’on croit en l’intelligence de l’homme et que l’on veut améliorer la compréhension du comportement canin par les propriétaires, alors il faut tenter d’en expliquer les spécificités. Le langage utilisé dans cet article est le même que ce que l’on peut trouver dans la littérature académique, il convient donc, pour ne pas perdre le lecteur, de commencer par faire un point sur la terminologie utilisée.
Dans le paragraphe suivant concernant la terminologie, six termes sont présentés : cinq qui sembleront nouveau pour beaucoup de lecteurs (comportement agonistique, intra-spécifique, dyade, phénotype et phylogénétique), et le terme le plus persistant et le plus galvaudé qui est la « dominance » (agression). La dominance sera traitée dans une section ultérieure, mais l’on prendra un moment pour expliquer pourquoi le terme « agression » est utilisé le moins souvent possible.
J’ai passé des mois à la recherche d’une définition de l’agressivité chez le chien, et il s’est avéré que l’essentiel reste encore indéfini (Miklosi, 2008, p.172). Il existe un grand débat entre les « lumpers » et les « splitters » qui tentent de trouver un consensus sur une définition, mais sans succès (Houpt, 2006). Un auteur a classé les agressions en 12 types distincts (Beaver, 1983) mais qui ont été re-catégorisés plus tard en 15 types avec pas moins de 21 sous-types différents (Beaver 2009, encadré 4-1). Il est impossible d’avoir une discussion scientifique d’ordre général sur un sujet qui nécessite autant de définitions avec tant de contextes.
John Paul Scott, membre fondateur de l’Animal Behavior Society et auteur prolifique, a déclaré ceci au sujet de l’agression :
L’agression est un terme scientifiquement faible et qui fonctionne principalement comme une poignée pratique pour lier les phénomènes décrient en des termes plus objectifs aux problèmes pratiques humains. Ce qui nous concerne est le comportement agonistique, un système comportemental composé de comportements ayant pour fonction commune de s’adapter aux situations impliquant un conflit physique entre membres de la même espèce. Nous ne pouvons pas analyser les comportements conflictuelles sans étudier aussi les alternatives comme les comportement de fuite, la menace, le « freezing » (gel), la posture défensive, la domination et la subordination, etc… Scott, 1966.
Terminologie
Comportement agonistique : tout comportement associé à un conflit entre deux individus
Agression : acte physique d’un individu qui réduit la liberté ou la « genetic fitness » (NdT : survie x fécondité) d’un autre (Wilson, EO, 2000)
NB : Comme l’a dit JP Scott, l’agression est un terme scientifiquement pauvre, donc pour les besoins de cet essai, j’en ai limité la définition afin d’éviter toute confusion. Pour les autres définitions, voir les références (Ramirez & Andreu, 2006 ; Houpt, 2006 ; Beaver, 2009)
Intra-spécifique : découlant ou survenant au sein d’une espèce, impliquant les membres d’une même espèce
Dyade : une paire, deux individus entretenant une relation socialement significative
Phénotype : ensemble des caractéristiques observables chez un individu et résultant de l’interaction de son génotype avec l’environnement (càd. la morphologie, le développement, les propriétés physiologiques, le comportement et les résultats du comportement)
Phylogénétique : développement évolutif et diversification d’une espèce ou d’un groupe d’organismes ou d’une caractéristique particulière d’un organisme.
Critique du « Dog Whisperer » : « Getting Throught the polarization »
La plus grande force d’opposition face aux techniques de Cesar Millan provient des comportementalistes animaliers (personnes physiques généralement titulaires d’un doctorat en psychologie, éthologie, zoologie ou biologie) et des éducateurs en méthodes positives. Ces professionnels utilisent des méthodes s’appuyant sur l’évitement des confrontations, ce qui renforce le comportement désiré, et l’évolution des associations négatives qui sont généralement la cause de comportements réactifs et agonistiques indésirables. Leurs critiques sur les méthodes de Cesar Millan sont souvent rejetées en raison d’une éventuelle jalousie envers sa réussite financière. Le problème avec cet argument est que toute personne qui travaille dans le respect du bien-être de l’animal (ce qui inclus l’éducateur canin) sait que ce n’est pas une activité rémunératrice, et surtout que les professionnels qui choisissent une activité liée aux animaux ne sont pas motivés par le côté financier. Ce serait la même chose pour un travailleur social de l’enfance qui critiquerait une émission de télévision qui montre des méthodes d’intimidation sur des enfants scolarisés simplement parce qu’ils seraient jaloux de leurs revenus. Quatre-vingt-dix pour cent des professionnels du chien gagnent moins de 56 000 dollars (43 000 euros) par an. Si la réussite financière était une motivation pour critiquer les scientifiques ou les professionnels, nous verrions d’autres personnes ayant des rémunérations importantes se faire tout autant critiquer, cependant, le débat est toujours axé sur ces méthodes d’éducation spécifiques sans la moindre corrélation avec l’argent gagné par l’individu utilisant ces méthodes. Millan gagne beaucoup plus d’argent que les Moines du New Skete, et les méthodes qu’ils emploient (qui sont très similaires, impliquant la production de confrontations et la domination) sont tout autant critiquées. Millan est au cœur du sujet car il a été popularisé via son exposition médiatique.
La perception de Millan mise en scène dans ses émissions de télévision a créé un tournant unique en son genre et influé sur l’opinion publique. On ne peut nier que Millan, à travers la vente de produits tels que des livres, des colliers, des vêtements, des DVD d’éducation en « chef de meute », a acquis une immense crédibilité par sa présence télévisuelle, beaucoup plus de crédibilité d’ailleurs que s’il avait seulement écrit des livres. Non seulement la télévision fait de la publicité via une source extérieure (National Geographic dans notre cas), mais elle créée biologiquement un processus d’apprentissage solide au niveau mental en raison des caractéristiques neurologiques des nombreux supports dans lesquelles les messages se transmettent (Tavassoli 1998 ; Stammerjohan et al, 2005). Cela se combine avec un phénomène humain tout à fait normal qui consiste à écarter toute nouvelle information qui ne se conforme pas à notre compréhension pré-existante (càd. contradictoire), car cela menace notre vision du monde (Nyhan et Reifer, 2011). Ainsi, critiquer les méthodes d’éducation de Millan peut faire réagir une personne de façon défensive, voir même agressive face à l’information donnée, même si la critique n’a pas été dirigée contre elle, sans incriminer ni leur point de vue ni leur opinion. Il est important pour chacun de prendre du recul et de réaliser que personne ne naît avec la connaissance universelle, et l’éducation est quelque chose qui s’apprend durant toute une vie. Selon Albert Eistein, « la sagesse n’est pas un acquis de l’école, mais le résultat de la quête de toute une vie à s’efforcer de l’atteindre. » Si nous ne continuons pas les efforts de compréhension des mécanismes biologiques du comportement au-delà de notre compréhension actuelle, nos croyances deviennent alors dogmatiques et ne relèvent plus de la science.
Cela vaut pour les deux types d’éducation basés sur la dominance ou le renforcement positif.
Holly et le « showdown » (épreuve de force)
Récemment, Nat Geo Wild a diffusé une bande-annonce faisant la promotion de la dernière saison de « The dog Whisperer » nommé « Showdown with Holly ». Dans cette vidéo, Millan montre aux propriétaires d’un labrador sable (Holly) comment ils doivent gérer son emprise sur les ressources. En bref, Millan incite Holly à réagir défensivement en l’intimidant avec un contact visuel fort (un signe de danger pour les chiens) et en violant son espace de sûreté pendant qu’elle essaye de manger son bol de nourriture. Après l’avoir fait réagir de manière défensive Millan la frappe dans le cou avec ce qu’il appelle « la griffe », c’est-à-dire un contact de correction « conçu pour simuler la gueule et les dents d’un chien comme une mère ou un chien plus dominant » (Millan et Peltier, 2007 p. 48).
Il est toujours bien clair que ce ne sont jamais des coups francs, cependant si vous regardez la vidéo au ralenti il frappe durement dans le cou avec le côté de sa main. Vous pensez que ce n’est pas grand-chose si la pression est bien répartie, mais la force augmente lorsque vous réduisez la surface. Ainsi, au lieu de répartir la surface de contacts au diamètre de sa main il centre le point de contact au niveau approximatif de son articulation. Cela augmente la force du contact (qui, dans la partie molle du cou est une façon élégante de dire que cela augmente la douleur infligée).
Sur le plan éthique, il est inexcusable de le diffuser dans le monde entier. La population en général n’est pas suffisamment instruite dans les sciences du comportement pour comprendre le très grand nombre de problèmes qui peuvent survenir en essayant de mettre en œuvre ce genre de méthodes qui n’est rien d’autre que de la violence archaïque (Jensen, 2007, p.138). Le nombre d’annonces alertant les téléspectateurs du type : « n’essayez pas ça chez vous » n’a pas d’importance, parce que les gens le font, et il y a environ 4.5 à 4.700.000 morsures de chien chaque année qui sont directement liées aux approches de rééducation de problèmes comportementaux majeurs (Sacks et coll, 1996 ; Herron et al., 2009 ; Yin, 2011), comme en témoigne la vidéo de Millan qui a été durement mordu, avec perforation et saignement significatif.
Sur le plan comportemental, il y a plusieurs problèmes avec « la griffe » ou autres imitations de morsure. Tout d’abord il existe des différences quantitatives et qualitatives dans la façon dont une morsure inhibée est effectuée par les mères envers leurs petits. Certaines mères sont plus douces dans leur approche et d’autres plus agressives, mais les mères qui utilisent un comportement correctif le moins agressif avec leurs chiots semblent développer des liens sociaux plus étroits avec leur progéniture (Wilson, 1984).
En fin de compte, les humains n’ont pas les capacités morphologiques et hormonales nécessaires pour reproduire le comportement maternel envers un chiot, ainsi prendre le comportement maternel observé comme support pour une méthode générale fortement conflictuelle est un mauvais comportement. Les méthodes de confrontation qui impliquent la douleur, la peur ou l’intimidation augmentent la probabilité de morsures envers les propriétaires, et risquent d’endommager la relation propriétaire-chien, et de diminuer la volonté et la capacité d’obéir aux ordres (Weiss & Glazer 1975 ; Reisner, 1994 ; Hiby et al. 2004 ; Schilder & van der Borg, 2004 ; Herron et al. 2009 ; Beaver, 2009 ; Arhant et al. 2010 ; Rooney & Cowan 2011). Non seulement nous manquons de connaissances sur les degrés du comportement correctif maternel, dans ces multiples variantes, mais il est également impossible pour nous de reproduire physiquement la mâchoire et les dents d’un carnivore qui frappe rapidement, le faire avec nos doigts peut apprendre aux chiens à avoir peur de la main, un autre facteur important de morsure par nos chiens (Rosado et al, 2009).
Ce que les partisans de Millan ne parviennent pas à comprendre, c’est que ces méthodes ont un taux de réussite significativement plus faible que la désensibilisation systématique et le contre-conditionnement employé par le « Certified Applied Animal Behaviorists » et les éducateurs en méthode positive. La morsure est juste une réponse comportementale appartenant au comportement agonistique, et l’une des principales raisons pour lesquelles des chiens bien socialisés mordent des gens est que nous ne répondons pas à tous leurs signaux agonistes. Si un chien tente de résoudre pacifiquement un conflit avec nous et que nous ignorons sa tentative de demande d’éloignement, il sera obligé de réagir défensivement. Poussé à bout, la plupart des animaux auront recours à l’agression au moment où la fuite ne sera plus une option (par exemple, tenter de forcer une « soumission »). Parfois, la suppression de la possibilité de fuite dans un conflit plongera le chien dans un état d’impuissance acquis et il se renfermera sur lui-même, causant un état de dépression émotionnelle grave et un stress psychologique apparenté au PTSD (Post-Traumatic Stress Disorder) avec des symptômes semblables à ceux des Humains (Seligman, 1972) ; cependant, avec les autres chiens, il supprimera simplement les signaux d’alerte qu’utilisent les chiens pour prévenir une morsure. Il est difficile de prédire quel résultat se produira (qui, dans tous les cas, ne sera jamais bon). Les comportementalistes ont donc appris d’autres façons d’aborder ces comportements, tout en limitant le risque d’aggravation des symptômes, de supprimer les signaux d’avertissement, de créer un traumatisme psychologique, ou d’endommager le lien entre l’Humain et le chien. Le comportement agonistique intra-spécifique est un comportement adaptatif très important destiné à prévenir les blessures chez les animaux sociaux, mais en tant que propriétaire nous voyons fréquemment des signaux destinés à maintenir la paix lors des situations conflictuelles. Ce faisant, nous intensifions naturellement le comportement alors qu’il serait plus facile de le régler avec la désensibilisation systématique et le contre-conditionnement.
Ce qui est choquant c’est que Millan se fait souvent mordre. Indépendamment des méthodes, qui peuvent être soutenues tant que les gens ne se retrouvent pas avec des gnons sur la tronche, si Millan savait lire les signaux visuels du langage corporel canin il ne serait pas si souvent mordu. Parce que l’agressivité pathologique est rare, un chien a généralement été provoqué d’une façon ou d’une autre à chaque fois qu’il a mordu, généralement par inadvertance, et la réponse la plus courante des propriétaires lorsque cela se produit est : « je ne l’ai pas vu venir ».
Les problèmes avec les indices d’erreur et d’information contradictoire
Les éducateurs utilisant des méthodes dites positives ne sont toutefois pas irréprochables car ils omettent souvent d’aider les propriétaires de chiens à comprendre les problèmes liés au concept de dominance. Ils se contentent bien souvent de déclarations telles « la dominance est un mythe » et tentent de jeter aux orties ce concept délicat et complexe et cela à cause d’éducateurs qui en font une mauvaise interprétation visant à justifier leurs méthodes abusives. Tout d’abord, cela revient à jeter le bébé avec l’eau du bain et va à l’encontre de la terminologie utilisée dans un très grand nombre d’études sur le comportement social des animaux. Deuxièmement, la notion de « position dominante » ne va pas disparaître en prétendant qu’il s’agit d’un mythe alors même qu’il s’agit là de l’un des principes les plus anciens de l’éthologie, même s’il est souvent mal utilisé. Troisièmement, les éducateurs canins sont des enseignants pour les chiens comme pour leurs propriétaires et être un bon professeur consiste à créer un lien de confiance avec l’élève (ce que fait d’ailleurs très bien César Millan). Dire aux gens qu’ils sont mauvais quand ils utilisent à tort le concept de dominance et croient que si Muffy a mordu le facteur, c’est parce qu’elle est dominante, est très mal vu. Cette erreur peut engendrer des problèmes de confiance en soi et affecter l’apprentissage, ainsi, modifier l’information est une technique d’apprentissage plus efficace en général que le dédain et la contradiction. La dominance est un concept compliqué qui est traité en détail dans la littérature et vous ne pouvez en aucun cas en faire abstraction faute de le comprendre.
Qu’est-ce que la dominance ?
Afin d’essayer de trouver un terrain d’entente pour développer un concept, les définitions sont indispensables. Nous ne pouvons aller nulle part sans définir précisément ce dont nous parlons. Irwin Bernstein, un primatologue, a peut-être écrit l’un des essais les plus complets et les plus influents sur la domination appelé « le bébé et l’eau du bain » (The Baby and the Bathwater). Dans mes recherches pour cet article qui ont duré plusieurs mois et qui englobent des centaines de publications évaluées par leurs pairs et divers manuels d’éthologie, je n’ai rien trouvé de plus éloquent que cette définition :
La notion de dominance est utilisée dans les sciences comportementales et biologiques pour décrire les résultats dans la variété des interactions concurrentielles. Dans certains groupes, l’historique des rencontres agonistiques entre les individus modifie le cours des futures rencontres agonistiques tel que l’existence d’un certain type de relation peut en être déduit.
L’eau du bain
[1] La dominance n’est pas un trait hérité, un animal ne peut donc pas être « dominant » de la même façon que vous pouvez dire qu’un animal a les yeux bruns (Berstein, 1981).
Aucun animal ne naît « dominant ». Ils naissent avec des phénotypes qui produiront les dents, la coloration, la taille, la force, etc… Le produit de ces traits et d’autres (comme le tempérament), couplés avec des caractéristiques phénotypiques individuelles d’un autre animal, va produire un résultat lors d’une interaction agonistique dyadique. La dominance n’est pas un trait individuel, mais plutôt un reflet de la relation agonistique entre deux individus qui peut varier au fil du temps et en fonction du contexte (Fatjo et al., 2007).
[2] Les relations de dominance ne sont pas dépendantes de la présence d’une hiérarchie sociale (Hinde, 1978).
Parce que la nature de la dominance est issue d’une relation dyadique, vous pouvez accepter son existence sans impliquer des hiérarchies avec des rangs de dominances agonistiques. Il y a un énorme écart dans la façon dont les animaux forment des hiérarchies sociales comme des relations agonistiques, de même, à supposer qu’ils sont le reflet des mêmes causes proximales, évolutives, fonctionnelles et de développement n’est pas soutenu dans la littérature. Chez les loups, les hiérarchies sociales sont créées en grande partie selon les conditions écologiques (telles que l’abondance de la nourriture, la concurrence locale, la taille des proies, etc.) alors que les relations agonistes sont en grande partie un produit du tempérament, de l’apprentissage et de la proximité. Même si un animal a la capacité phylogénétique de développer une hiérarchie sociale, alors que certains chiens ne le peuvent pas (Ha, 2011), ils doivent encore réunir les conditions environnementales nécessaires à l’émergence du comportement (Udell et al., 2010).
[3] La dominance n’est pas une motivation (Bradshaw et al., 2009).
Le comportement agonistique est fortement dépendant du contexte de la ressource. Un chien peut aimer un os, mais n’aura aucun intérêt pour les jouets, tandis qu’un autre aimera les jouets mais n’aura aucun intérêt pour les os. La majorité du comportement agonistique observé entre ces chiens dépend à la fois de la valeur perçue de l’objet ainsi que les caractéristiques phénotypiques (par exemple la taille, la force, les armes, etc.) pour déterminer la motivation à se battre entre les deux animaux (Choi et al., 2011). La motivation est la valeur perçue de la ressource, pas la conséquence d’un rang.
Les carnivores sont puissants et son capables de tuer ou de démembrer un autre animal avec facilité (Polis, 1981) ; l’agression intra-spécifique n’est donc pas adaptée à la survie et l’agressivité inappropriée est généralement sélectionnée sur les populations sauvages en raison des pressions adaptives (Lorenz, 1966 ; Schaller, 1973 ; Brown, 1975). La survie chez les prédateurs potentiellement dangereux qui préfèrent vivre dans des groupes bien soudés dépend de leur capacité à éviter les conflits (Pierce & Bekoff, 2012). Les chiens ont évolué pour utiliser une multitude de comportements agonistiques qui ont pour but d’éviter les conflits. Malheureusement ceux-ci ne sont pas reconnus par les humains ou sont interprétés à tort comme de la dominance (McConnell, 2002). La fonction de nombreux comportement agonistes (par ex. en évitant le regard, l’évitement, l’appel au jeu…) est de mettre fin à l’agression d’un membre social (Bernstein, 1981). Confondre la volonté de nos chiens de résoudre pacifiquement un conflit avec une tentative de domination est extrêmement dommageable pour la confiance qui lie cette relation.
Petite liste des comportements fréquemment observés au cours des rencontres agonistiques chez les chiens
Evitement | Jeu et salutation |
Montrer les dents | Grognement |
Mordre | Course ? |
Se secouer | Regarde en face de façon détendue |
Poursuite | Rouler sur le dos |
Se tapir | S’enfuir |
Oreilles en arrière | Assis |
Aboiement d’excitation | Traquer |
Aboiement de frustration | Regarder fixement |
Grognement d’avertissement | Rictus de soumission |
Tourner la tête et le cou | Remuer la queue |
Se lécher les babines | Queue haute |
Regarder au loin | Queue entre les pattes |
Creuser | Gémissement |
Poils hérissés | Jappements et dents découvertes |
(Scott & Fuller 1965, tableau 3.1 ; Mc Greevy et al, 2012)
*Notez que mordre est seulement l’un des 32 comportements sur cette très courte liste, une liste exhaustive permettrait de combler une thèse de doctorat.
Le langage corporel : chiens et loups
Malheureusement, saisir la complexité d’un langage n’est pas aussi simple que de mémoriser une définition. Reconnaître le contexte est impératif quand il s’agit de traduire correctement le langage corporel. Sans analyse correcte du contexte, il est facile de commettre des erreurs. Tous ces comportements sont fréquemment observés au cours d’autres types d’interactions (comme le jeu), cependant le contexte dans lequel est observé le comportement est tout aussi important que l’intonation et le ton que nous utilisons pour comprendre la signification d’une phrase. « Votre fils est spécial » et « votre fils est spécial » ou « votre fils est spécial », toutes ces phrases ont un sens légèrement différent bien que les mots soient identiques. Ainsi un compliment peut être tourné en une insulte sarcastique simplement en modifiant quelques mots, il est important d’insister sur ce point (c’est-à-dire le contexte de la phrase).
L’analyse du langage corporel du chien remonte à Darwin, soit près de 100 ans avant que les biologistes n’aient commencé à étudier le comportement du loup en captivité. La théorie de l’antithèse de Darwin fut le début de notre compréhension du comportement agonistique du chien ; sa théorie était que les animaux dans des états d’esprit opposés effectuaient des mouvements directement opposés dans la nature. Par exemple un chien répondant à la menace d’un objet s’approchant à une certaine distance (Figure 1), en opposition au comportement exprimé dès qu’il a reconnu qu’il s’agissait de son propriétaire (Figure 2).
FIGURE 1
FIGURE 2
Le contexte original des dessins de Darwin est qu’ils montrent comment ces signaux changent facilement lorsque le contexte change. La motivation de ces comportements n’est pas « être dominant » ou « être soumis » mais plutôt ils confèrent une intention et le comportement en figure 2 est un comportement hautement social qui est essentiel pour construire des liens sociaux forts avec les compagnons.
Holly et son apaisement
Dans le « Showdown », Holly donne à Cesar Millan une dizaine de signaux différents pour lui demander de l’espace et éviter le conflit. Si vous regardez au ralenti, vous remarquerez les comportements agonistes suivants : évitement, se tapir, oreilles en arrière, grognement, se lécher les babines, détourner le regard, regard fixé sur le visage, assis, claquement de dents. Elle lui donne une très grande quantité d’informations signifiant « laisse-moi de l’espace » jusqu’à ce que la pression atteigne un point tel qu’elle déclenche un onzième comportement agonistique conduisant à la morsure. Avant la morsure, Millan avait dit n’avoir jamais vu de tels comportements chez cette chienne et qu’il était en train de les observer pour la première fois. Son approche de ce problème de comportement, qui n’était rien de plus qu’un banal problème de garde de ressource, a causé une aggravation des symptômes. Si vous m’avez engagé pour réparer votre gouttière parce que vous aviez une fuite et qu’au lieu de réparer la gouttière, je faisais un trou dans le toit, vous m’enverriez illico devant un tribunal civil. Après la morsure, Millan a dit « je ne l’avais pas vu venir », pour être juste, de temps en temps, un professionnel peut rencontrer des chiens montrant très peu de signes avant-coureurs et se trouver pris au dépourvu, mais ici ce n’était pas le cas. Holly lui a donné plus d’avertissements que je n’ai jamais vus chez un chien au regard de la provocation qui lui était faite, et même après qu’il lui ait frappé dans le cou, elle continue à donner des signaux lui demandant de lui laisser de l’espace et mettre fin au conflit, avant de recourir à la morsure.
L’agression et la domination
Le stress psychologique est beaucoup plus puissant que la douleur physique et les méthodes impliquant une confrontation sont dangereuses à cause de la réponse qu’elles peuvent induire. Les comportements inclus dans les méthodes de confrontation sont : corrections avec la laisse, muselières, colliers étrangleurs et à pointes, retirer des objets de la gueule du chien de force, alpha rolling, le forcer à se coucher, donner des coups de genou dans la poitrine du chien pour éviter qu’il saute, battre et donner des coups de pied au chien, attraper les joues ou la peau du cou, le dominant doit le mettre à terre, pincer le cou, l’usage des colliers électriques, mettre le nez du chien dans ses excréments, crier « tssst » ou « schhhhtt », regarder vers le bas, utiliser un pistolet à eau ou un vaporisateur, exposition forcée, et grogner vers le chien. Ces méthodes produisent des réactions agressives dans environ 43% des cas chez les propriétaires qui les ont employées. Ce qui est particulièrement frustrant, c’est que les comportements agressifs en réponse à l’utilisation de ce type de méthodes, dus généralement à la douleur ou à la peur, sont rapidement étiquetés « dominance » ou « agression » et les chiens sont souvent euthanasiés parce que l’on tente de leur inculquer la soumission et que cela ne fonctionne pas (Sherman et al, 1996). Millan dit : « Les chiens puissants, lorsqu’ils sont dans la zone rouge peuvent infliger de graves morsures et même provoquer la mort. La plupart du temps, ce sont des chiens dominants que les propriétaires ne peuvent pas manipuler » (Millan et Peltier, p.147-148).
Rechercher un rang ou rechercher un groupe.
Les dégâts omniprésents causés par l’idéologie de la domination, sont souvent supportés par le concept du chien cherchant un rang. Comme il a été mentionné plus tôt, la dominance et le rang ne sont pas synonymes. Une relation dominant-subordonné est capable de prédire le résultat d’une interaction agonistique basée sur une histoire d’observation entre deux individus. Le rang, cependant est soumis à d’autres facteurs allant au-delà d’une simple dyade et est fortement influencé par la dynamique de groupe (telle une alliance intra-spécifique – peu d’enfants se font embêter à l’école lorsqu’ils ont une alliance avec l’équipe de rugby).
Millan et les autres éducateurs qui se basent sur la domination, entretiennent l’idée que non seulement les chiens naissent dominants ou soumis mais qu’ils sont aussi naturellement motivés pour atteindre un rang supérieur, surtout s’il y a un leader inefficace (Millan et Peltier, 2006, p.3, 27, 113, 139, 168, 230, 242, 247-248). L’idée que se trouve derrière cela est une mauvaise interprétation de la motivation de l’évolution :
Les pressions sélectives de l’évolution ne peuvent pas sélectionner des relations telles qu’être le plus lourd, le plus grands, le plus intelligent ou le plus dominant. Les pressions sélectives de l’évolution ne peuvent pas fonctionner sur le contenu relatif des contextes sociaux favorisant un individu sur un autre. Les gènes se trouvent dans les individus et non pas dans l’espace qui sépare les individus. Les gènes influencent les propriétés absolues et non les propriétés relatives des attributs. La dominance, comme une relation entre les individus, n’est pas une propriété absolue d’un individu mais un résultat influencé par de multiples propriétés des individus. Bernstein, 1981.
Plus nous en apprenons sur le comportement social chez les animaux, plus nous nous rendons compte que les animaux sociaux évoluent loin des conflits. Un comportement pro-social comme la coopération, l’équité, la réciprocité, l’empathie, la confiance, la consolation, l’altruisme sont une force motrice essentielle de l’évolution, ce qui n’est pas le cas de la domination (Pierce & Bekoff, 2012). Le monde est et a toujours été dangereux, et les espèces pro-sociales ont dû coopérer pour que la récolte et la protection des ressources soient plus efficaces. Un des facteurs les plus importants dans le développement de la coopération et de la réciprocité dans une relation, se crée à travers les phases de jeux durant lesquelles les animaux apprennent les droits et les interdits dans les interactions sociales, motivés à les respecter pour que le jeu puisse durer plus longtemps grâce à l’inhibition des morsures et l’auto-contrôle (Jensen, 2007).
Avec l’aide d’un professionnel
Il est absolument impératif, si vous avez un chien qui présente des problèmes de comportement, de chercher un professionnel qui connaisse et sache correctement interpréter le langage corporel et comprenne l’importance des méthodes positives. Si vous embauchez une personne comme Millan qui ne peut faire la différence entre signaux de menace et conciliation (ou pire, estime que les signaux eux-mêmes sont des signes de dominance), alors, vous serez incapables de gagner la confiance nécessaire pour construire une relation saine avec votre chien. Le leadership est une question de communication, pas de domination, et la confiance est le fondement des relations sociales pour chaque être sensible et grégaire. Elle est le fondement de ce que nous dicte notre capacité à communiquer et à partager une vie de coopération plutôt que de confrontation. Vous ne pouvez pas construire une relation de confiance par la confiscation, les coups de pieds et l’intimidation mais seulement une relation de peur.
Un chien mord
Il n’y a pas de méthodes sûres mais avec le succès de Cesar Millan dans les grands médias les morsures de chiens sont en hausse aux Etats-Unis et dans d’autres pays. Les hospitalisations dues à des morsures de chiens ont augmenté de 59% dans certaines régions (Neuwman et al, 2010) depuis la diffusion des premiers épisodes. La télévision est toujours citée comme la source d’information avec laquelle le propriétaire a appris et essayé une technique qui a rendu son chien agressif envers lui ou a conduit à une morsure (Herron et al, 2009).
Il est indéniable que Millan a donné des explications et créer une philosophie très attrayantes pour expliquer le comportement canin. Dans le passé, j’ai commencé par étudier le comportement animal appliqué, j’étais alors le plus grand fan de Millan, j’avais lu tous ses livres, regardé ses émissions et je ne comprenais pas mon oncle vétérinaire qui le traitait de charlatan. Mais ses péroraisons sont un appel au conflit, à l’attaque, à devenir un chef de meute. Il est extrêmement doué pour se faire écouter et lire. Il joue sur le côté sentimental dans le concept du « Dog Whisperer » et raconte aux gens qu’ils peuvent aussi le faire et que dans la mesure où chacun peut devenir un leader, les problèmes de comportements doivent disparaître.
Cependant les chiens ne comprennent pas la poésie, les méthodes dangereuses et abusives de Millan ne font qu’ignorer totalement 80 ans de recherches en comportement animal. Les références ci-dessous proviennent de plus d’un demi-siècle de recherches doctorales au niveau de la psychologie, de la neuroscience comportementale, du comportement animal appliqué, de l’éthologie et de la zoologie. Cesar Millan est un autodidacte. Le calcul est simple à faire…
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Source : http://prescottbreeden.com/dog-whispering-in-the-21st-century/
Traduit par Ad Canes
PS : en écrivant cet article nous avons appris que l’Autriche assimilait les méthodes de Cesar Millan à de la maltraitance animale et étaient réprimées comme telle. A bon entendeur…
http://www.vorarlbergernachrichten.at/…/grausamste-trainingsmethoden.vn