Sans réflexion, la technique n’est rien.

Maîtriser la technique, c’est bien. Avoir une boite à outils bien fournie, avec beaucoup de variété, c’est très bien. Apprendre comment contre-conditionner, désensibiliser, renforcer à bon escient… Tout ça, c’est même super.
C’est super si cette boite contient des techniques non violentes. Il est bien évident que si cette panoplie contient également de l’étranglement, de la pendaison et de la punition positive à la pelle, c’est un peu moins super, il faut penser sérieusement à tout reprendre depuis le début et accessoirement apprendre à lire.
Une fois cette caisse à outils alimentée suffisamment en qualité et en quantité, qu’en faire ? (et non « quand faire ? » hein)

La première chose lorsque notre boite à outils est pleine est de savoir pourquoi et dans quel but. Je crois qu’il y a là une vraie question à se poser, parce qu’il semblerait que dans bien des cas, l’utilisation d’un outil ou d’une technique soit un but en soi.
Mettons de côté si vous le voulez bien nos amis Bourrinos et Violentos, chez qui la laisse semble être le prolongement du pén… du bras, car tout en mettant en avant une authentique communication canine, façon Robert Redford avec les chevaux, ils semblent occulter plus ou moins volontairement le fait que la laisse est une entrave à la communication justement. En y réfléchissant, je me demande si j’ai déjà vu de la part de nos artistes une vidéo montrant une approche sans laisse, donc en réalité l’obtention d’un contact sans qu’il soit forcé.
Je disais donc, avant d’être grossièrement interrompu par moi-même, que certaines personnes semblent vouloir appliquer une technique avant même d’avoir perçu l’état d’esprit du chien, et les causes de cet état d’esprit, sans avoir compris quoi que ce soit de lui en réalité.
Deux exemples :
Alpharoll (oui, bon, c’est le nom du chien quoi) arrive sur le terrain en laisse, collier plat, toutes dents dehors dès qu’il aperçoit un étranger. Bourrinos lui met alors un collier étrangleur et lui fait faire un petit tour d’hélico. Alpharoll est maintenant beaucoup plus calme… Haha ! Vous voyez que ça marche ! Je l’ai vu dans la vidéo !
Knacki-jolie (c’est le nom de la chienne j’vous dis) arrive sur le terrain en laisse, harnais, complètement terrorisée (oui, on lui a fait faire l’hélico chez Bourrinos la semaine précédente). L’éducateur l’approche et lance d’un ton assuré « On va la mettre au clicker ! »
De ces deux exemples, si le premier est de loin le plus intolérable, il n’y a pas grand chose à garder. Tout simplement car il n’y a pas de réflexion préalable, parce qu’on ne sait ni pourquoi, ni dans quel but on va utiliser cet outil. Soyons sérieux, commençons par comprendre le chien, analysons la situation, voyons d’où il vient, puis demandons-nous où l’emmener. Fixons-nous un but raisonnable et pour finir, voyons de quels outils nous disposons pour atteindre ce but.
L’outil n’est qu’un moyen, il n’est pas un but en soi.
Il devient urgent de comprendre qu’il est impératif d’utiliser deux outils naturels avant toute chose, notre cerveau et nos sens. Toutefois, si les outils techniques peuvent s’acquérir par le travail, les capacités de perception que l’on a d’une situation, d’un chien, d’un binôme maître/chien, ou même d’un système familial complet sont ou innées (très rare), ou le fruit d’une expérience solide, quoi qu’il en soit, il reste fortement conseillé de ne pas surestimer ces capacités.
Personnellement, j’ai un mal fou à accorder ma confiance à quelqu’un qui commence à utiliser un outil avant toute forme de réflexion. Si votre médecin sort le scalpel à l’instant même où vous lui dites que vous avez mal au ventre, une inquiétude naît et un petit frisson vous remonte le long du dos, n’est-ce pas ?
Rédigé par Raphaël Pin de ECC
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Dogspirit Education Canine Comportementaliste 06.23.62.50.40 Montpellier et environs Tatjana Cerabona - Educateur canin, spécialiste de la relation Homme-Chien

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